« L’abîme appelle l’abîme »

Le président et le secrétaire général du Défap, les pasteurs Jean-Arnold de Clermont et Bertrand Vergniol, se sont rendus en République centrafricaine fin mars, pour le culte de Pâques. Le pasteur Vergniol revient sur ce séjour marquant.

Comment parler de la situation de Bangui sans évoquer ses quartiers dévastés ? C’est une ville abîmée qui nous accueille. La peur est palpable. Les habitants vivent depuis 2013 sous la menace permanente de bandits qui peuvent mettre à sac les écoles, les maisons, les commerces, la vie.

Les milices, chacune de leur côté, poursuivent leurs guerres. Le feu a balayé les rues et a laissé dans son sillage des dizaines de milliers de déplacés. Nus, sans rien d’autres que ce qu’ils ont pu, dans la précipitation, emporter. Enfants au dos et bras surchargés, ils survivent le long de l’aéroport, dans les terrains vagues, en tente ou sous des abris de fortune. La misère est poignante, et personne n’y échappe : femmes, enfants, anciens, blessés… tout le monde subit la violence de ce quotidien incertain. C’est dans ce climat que la France a annoncé le retrait de la force Sangaris. Qu’adviendra-t-il de cette trêve fragile ? Les armes que nous ne voyons plus feront-elles à nouveau entendre la plainte des innocents ?

 

Les pasteurs Vergniol (à gauche) et de Clermont (à droite), en RCA, mars 2016

Les pasteurs Vergniol (à gauche) et de Clermont (à droite), en RCA, mars 2016 (DR)

 

La nuit dépose un voile opaque qu’aucune lumière ne vient troubler. La ville est éteinte.  Quelques fantômes la traversent timidement. Mais les ténèbres ne sont pas seulement la privation de lumière, c’est l’état dans lequel on se trouve lorsque plus rien n’appelle à la vie.

 

Au milieu des blindés de l’armée française et des chars blancs de l’ONU se dessine pourtant un espoir.
Le 30 mars 2016, un nouveau président a été investi. Il hérite d’un pays qui a connu trois guerres civiles en moins de quinze ans. Cinq millions de Centrafricains qui comptent sur ce nouvel espoir. Sans police, sans argent, avec 40% de la population qui à moins de 15 ans : le défi est de taille. Cette jeunesse débordante ne se contentera pas d’attendre, il faut agir, et vite. La violence n’appartient pas encore au passé : victimes et bourreaux partagent le même quotidien.

 

Porter la parole de Dieu

 

Novembre 2015, le pape François prononce un discours exhortant les Centrafricains à « résister à la peur de l’autre ». Il se rend alors à la mosquée centrale de Bangui, dans le quartier du PK-5, théâtre d’atrocités pendant les massacres intercommunautaires de la fin 2013. Depuis cette prise de parole, le rang des forces qui appelaient à la violence s’est tari.

Les Trois Saints, le révérend Nicolas Guerekoyame-Gbangou, pasteur et chef de l’Eglise protestante centrafricaine, Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui et chef de l’Eglise catholique, et l’imam Omar Kobine Layama, président de la conférence islamique, sont également les artisans de cette paix civile.

En appelant chacun à se souvenir que l’autre est aussi son frère, les forces ecclésiastiques ont peut-être évité le scénario rwandais.

 

Protestant ici et là-bas

 

L’Eglise protestante du Christ Roi ne comptait peut-être que 400 ou 500 participants au culte de Pâques mais leur ferveur témoignait du message d’unité qu’ils portent pour le monde. Les protestants, mais pas seulement. Les hommes et les femmes de toutes horizons aussi. Ceux de l’extérieur, ceux qui ne pensent pas comme nous, ceux qu’il faut aimer malgré les différences car, comme le disait Matthieu (5 ;44), « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent ».

 

Cette Eglise réformée nous invite à nous souvenir que nous sommes aussi à Bangui.

 




Pâques : visite du Défap en Centrafrique

Le secrétaire général et le président du Défap se rendent en Centrafrique fin mars 2016 à l’occasion de la consécration d’un pasteur, lors du week-end de Pâques.

Le président du Défap, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, était présent en Centrafrique lors du résultat de l’élection présidentielle et la victoire de Faustin-Archange Touadéra, début mars. Ce fut l’occasion pour lui de préparer sa prochaine visite.

 

Logo Centrafrique, DR

 

C’est en compagnie du secrétaire général du Défap, le pasteur Bertrand Vergniol, qu’aura lieu ce prochain séjour programmé du 25 mars au 1er avril 2016. Ils seront donc présents lors de la prise de fonction du président Touadéra, le 31 mars.

 

Cette visite se fait à l’occasion de la consécration de la pasteur Jacqueline Habitat de l’Eglise Protestante Christ-Roi de Centrafrique (EPCR), le dimanche de Pâques (27 mars). Le pasteur Vergniol portera la prédication lors de ce culte.

 

En-dehors de la préparation de cette visite, le président du Défap a mené une journée de formation du conseil presbytéral de l’EPCR, renouvelé il y a peu, début mars. Il a notamment abordé avec eux les questions relatives aux liens entre conseil et pasteurs mais aussi sur la manière d’établir un projet de vie pour l’Eglise. C’est un travail qui va se poursuivre dans les mois qui viennent, avec les visites des pasteurs Bernard Croissant et Henri Fischer, familiers de la RCA et de l’EPCR.

 

Lors de la visite avec le secrétaire général, différentes rencontres avec les partenaires du Défap sont prévues. L’objectif : faire le point sur l’avancée du programme 2015-2018, « solidarité avec la RCA ».

 




Centrafrique : vers la normalisation ?

Le président du Défap, le pasteur Jean-Arnold de Clermont, se rend en Centrafrique du 16 au 21 février 2016. L’occasion de faire le point sur la situation politique du pays.

Second tour de l’élection présidentielle le 14 février

 

À l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, et malgré des irrégularités dans le comptage des voix qui ont eu pour résultat d’invalider les scrutins législatifs, ce sont bien deux anciens Premiers ministres qui se sont retrouvés face à face, mais pas ceux que l’on croyait.

 

Carte RCA, Google Maps

Carte RCA, Google Maps

 

Avec 24 % des voix, Anicet-Georges Dologuélé, ancien Premier ministre de feu le président Ange-Félix Patassé, est en tête. Il avait eu la bonne idée de passer un accord politique avec Kwa Na Kwa, parti de l’homme qui avait renversé Patassé en 2003, l’ancien président François Bozizé. À la surprise générale, son challenger est Faustin-Archange Touadéra, 19 %. Lui était le dernier Premier ministre de François Bozizé, avant le coup d’État du 24 mars 2013 qui lui a coûté sa place.

 

Le second tour, prévu pour le 14 février en même temps que la répétition du premier tour des législatives, départagera ces deux poids lourds de la vie politique centrafricaine.

Après l’investiture du nouveau chef de l’État et la remise en marche de la Chambre, il est fort probable que les Français mettront fin à l’opération militaire Sangaris, laissant le soin de la sécurité intérieure à la force des Nations unies (Minusca) et à ce qui subsiste des forces de l’ordre centrafricaines.

 

L’Église Protestante du Christ-Roi : prêcher l’espérance

 

Alors qu’il semble bien que la RCA puisse, au-delà des élections, retrouver un calme relatif, l’EPCR envisage  de relancer ses programmes de travail jusqu’alors suspendus, notamment la  sécurisation  du Centre protestant pour la jeunesse de Bangui, qui a été plusieurs fois pillé, ou encore le développement de son annexe de Morija, dans le village de Kpangba.

 

Les projets Défap

 

La Centrafrique est l’une des priorités du programme 2015-2018 du Défap. Les projets y sont portés par la Cevaa avec le soutien logistique et financier du Défap.

 

L’accompagnement de l’Église Protestante du Christ-Roi est assurée de trimestre en trimestre par des visites des pasteurs Henri Fischer et Bernard Croissant qui y séjournent à tour de rôle environ trois semaines
Le Centre Protestant pour la Jeunesse comprend  un complexe scolaire qui  devrait, à terme, pouvoir offrir un enseignement de qualité accessible à tous. Un partenariat avec l’enseignement protestant au Cameroun est à l’étude, pour effectuer un audit et proposer des améliorations à l’établissement scolaire déjà en place.
Au Centre culturel, un espace d’information sur le SIDA, dédié aux jeunes, est ouvert depuis plusieurs années, en coopération avec un partenaire allemand. Il devrait être mis en relation avec le travail de l’Église évangélique du Congo (Brazzaville) qui propose déjà une information similaire.

 

À Kpangba, la paroisse annexe de Morija comprend un lieu de culte, une école maternelle et une première classe d’école primaire, une pisciculture, un espace maraîcher. Un projet de centre de santé est à l’étude. Il s’agit de permettre à quelques 15 000 personnes, isolées de la capitale, de trouver des moyens de vivre décemment  et d’éduquer leurs enfants.

 

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont sera à nouveau en Centrafrique en mars 2016, en compagnie, cette fois, du secrétaire général du Défap, le pasteur Bertrand Vergniol.

 


Mieux comprendre la situation en RCA

Première partie

Deuxième partie

Troisième partie

 




Centrafrique : flambée de violence

 

On croyait la situation en voie de normalisation. Certains allaient même jusqu’à penser que les élections auraient bel et bien lieu avant fin 2015, et peut-être même en novembre. Le référendum constitutionnel était en tout cas programmé pour le 4 octobre.

Las… les violences qui ont eu lieu à Bangui, la capitale centrafricaine, depuis la nuit du 25 septembre, date à laquelle le corps d’un jeune chauffeur de moto-taxi a été retrouvé près de la mosquée Ali Babolo, dans le quartier PK5, mettent en péril tout le travail accompli ces derniers mois.

Un jeune musulman tué au soir de la Tabaski : l’événement a été immédiatement considéré comme une provocation et a entrainé des représailles à l’encontre des zones à majorité chrétienne et la spirale des expéditions punitives s’est enclenchée.

Les militaires français de la Force Sangaris et ceux de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca) sont restées singulièrement en retrait, une attitude attentiste vigoureusement dénoncée, notamment auprès du ministère français des Affaires étrangères.

 

Réfugiés, RCA, 2014

Réfugiés : RCA, 2014 (DR : SSgt Ryan Crane)

Agressions, pillages, vandalisme : en dépit du couvre-feu décrété le 27 septembre, de nombreuses ONG, la gendarmerie, le ministère de la Défense et la radio ont été la cible de bandes organisées qui, selon plusieurs observateurs, semblaient répondre à un agenda bien planifié.

La semaine précédente, des rumeurs avaient circulé sur une éventuelle attaque de la capitale à l’arme lourde par des troupes rassemblées sous la bannière de la Séléka, les anciens rebelles.

Il semblerait plutôt que le chaos qui s’est réinstallé à Bangui soit l’œuvre d’éléments infiltrés en ville depuis de nombreuses semaines. Sont-ils membres de la Séléka ? Ou des rangs de leurs adversaires, les anti-balaka, dont la rumeur dit qu’ils se prépareraient, eux aussi, à une « reprise en main des institutions de la république », autrement dit un coup d’État ?

Quoi qu’il en soit, des différentes manifestations, dont celle du 28 septembre près de la présidence, il ressort un évident « ras-le-bol » de la population vis-à-vis des institutions de la transition. La présidente Catherine Samba Panza a de toute évidence échoué à ramener la sécurité dans Bangui et, surtout, à rompre avec le cycle infernal des prédations économiques.

Aujourd’hui, le risque est grand de voir se réaliser à nouveau le pire des scénarios : la reprise d’une lutte ouverte entre communautés religieuses, même si celle-ci masque en réalité le mécontentement de citoyens excédés par l’incurie et l’avidité de leurs dirigeants.

Joint au téléphone, le pasteur Nicolas Guerekoyame-Gbangou, président de l’Alliance des Évangéliques en Centrafrique (AEC), co-fondateur de la Plateforme interreligieuse pour la paix, a déclaré mettre tout en œuvre pour maintenir, si ce n’est rétablir, le dialogue islamo-chrétien.

 

Le Service protestant de mission – Défap suit avec attention la situation dans le pays. Il a actuellement l’un de ses envoyés, le pasteur Henri Fischer, qui travaille à la formation théologique et biblique et au soutien des pasteurs et conseils presbytéraux de l’Église du Christ-Roi, à Bangui.

Le Défap exprime sa préoccupation face à cette vague de violence en Centrafrique, qui aurait déjà fait près d’une cinquantaine de victimes, plus de cent blessés et quelque 30 000 personnes déplacées. L’institution et ses représentants condamnent toute forme de violence, qu’elle soit ou non communautaire et appelle les autorités de la transition, la Minusca et les forces françaises de l’opération Sangaris à s’engager à améliorer la protection des populations civiles, à tout mettre en œuvre pour que le processus de désarmement de toutes les milices indistinctement soit effectif et à rétablir la sécurité. Sans désarmement, il ne peut y avoir aucun scrutin organisé et, partant, aucune restauration possible de l’État de droit.

 




Honneurs terrestres pour représentants spirituels

 

En décembre 2013, un grand quotidien français les avait surnommés « les trois saints de Bangui » : ce sont le pasteur protestant Nicolas Guerekoyame-Gbangou, 55 ans, président de l’Alliance des évangélistes en Centrafrique ; Mgr Dieudonné Nzapalainga, 46 ans, archevêque de Bangui et chef de l’Église catholique ; et l’imam Omar Kobine Layama, 53 ans, président de la Conférence islamique.

 

Le 19 août de chaque année, le Système des Nations Unies célèbre la Journée mondiale de l’aide humanitaire. Ici photo de 2013 (Source : MINUSCA).

 

En clôture de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, le 19 août dernier, ils se sont vus décerner, au siège des Nations unies à Genève, le Prix Sergio Vieira de Mello 2015, pour leurs efforts accomplis dans le processus de réconciliation en Centrafrique.

Cofondateurs de Interfaith Peace Platform, plateforme interreligieuse, ils travaillent à favoriser le dialogue entre les trois religions les plus largement représentées dans le pays, et encouragent toutes les mesures préventives à la violence interconfessionnelle, élément marquant dans la guerre civile qui endeuille le pays depuis maintenant trois ans.

 

Le prix Sergio Vieira de Mello est remis tous les deux ans à une personne, un groupe ou une organisation ayant œuvré à la réconciliation de parties en conflit, perpétuant ainsi le souvenir et l’idéal de Sergio Vieira de Mello, représentant du Secrétaire général des Nations unies, mort à Bagdad (Irak), le 19 août 2003 dans une attaque à la voiture piégée.

 




Mission en RCA : interview du président de la FPF

François Clavairoly, président de la FPF, a répondu à nos questions par téléphone depuis la Centrafrique et nous a raconté la rencontre avec la présidente de l’Etat de la transition.

François Clavairoly a été reçu vendredi 26 juin avec la délégation protestante et le président de l’Eglise Christ Roi à Bangui par la présidente de l’Etat de la transition, Catherine Samba Panza.

Rencontre entre la délégation protestante et la présidente de transition

Sécurité & élections

 

L’entretien a duré une heure et demie.

La présidente a commencé en faisant « un premier tour d’horizon de la situation du pays ».

Ils ont abordé trois sujets : en premier lieu, la question de la sécurité. « La force Sangaris et les forces des Nations Unies sécurisent au mieux Bangui et ses alentours. On va vers une situation qui s’améliore », avec « l’ONU [qui] prend petit à petit le relais de la force Sangaris », explique François Clavairoly.
Sangaris est passée de « 1 700 à 900 soldats, et dans quelques mois il n’y en aura plus que 400, mais d’après la présidente, la situation sécuritaire est plutôt encourageante ».

Le deuxième sujet abordé concerne la préparation des élections, « prévues au mois d’octobre 2015 ».
Cependant, raisonnablement, elles « auront plutôt lieu en novembre ou décembre, mais l’essentiel est qu’elles auront lieu ». Pourquoi ? Car il faut d’abord recenser la population et c’est un processus long et compliqué, notamment en province car la saison des pluies approche, les routes deviennent de moins en moins praticables et les « moyens financiers et matériels sont limités ».

 

Enfin, la présidente a insisté sur le fait qu’elle « veut tenir parole, elle ne se présentera pas personnellement à l’élection présidentielle ». Elle veut accomplir son « travail de transition, puis laisser le pays dans les meilleures conditions possibles ».

Solidarité auprès des Eglises

 

Le président de la FPF a, quant à lui, raconté l’objet de la présence de la délégation à Bangui. Elle est venue montrer la « solidarité auprès des Eglises protestantes ».

« Nous avons rencontré notamment les Baptistes, qui ont un projet de construction d’école ». Cela montre « l’importance du rôle des Eglises dans le pays pour le vivre-ensemble, la réconciliation et la responsabilisation de la jeunesse », estime-t-il.

« Les Eglises protestantes ont un rôle à jouer », notamment dans la « formation des citoyens ».

 

Une situation complexe

 

« La RCA ne dispose pratiquement pas de fonds ni de marge de manœuvre, ce qui l’empêche d’avancer comme elle veut ». La présidente recherche donc un « appui auprès de la communauté internationale ».
Par ailleurs, « la gestion des mines de diamants est en passe d’être assouplie [l’embargo international a été partiellement levé fin juin, ndlr], de sorte que le gouvernement pourra peut-être disposer de moyens dans les mois qui viennent ».

Les élections vont être difficiles à organiser car les candidats sont très nombreux, entre 60 et 70 personnes ont, à l’heure actuelle, l’intention de se présenter pour la seule élection présidentielle.
Mais « peu ont l’étoffe pour relever les défis » qui sont nombreux : « économique, sécuritaire et éducatif », notamment.

Il existe aussi des « menaces internes : la sécurité intérieure n’est pas complètement assurée ». On voit encore des « exactions, brigandages ou affaires liées à des tensions interethniques ».

 

Un enjeu pour la FPF

 

François Clavairoly conclut : « Il y a là sans aucun doute un enjeu pour la FPF, [la possibilité] de découvrir des partenaires de différentes Églises, tout en évitant d’avoir une vision bilatérale, d’Eglise à Eglise. Nous pouvons avoir une vision multilatérale et fédérative. C’est en ce sens que la délégation travaillera à son retour en France ».

 




Mission en RCA : interview de la vice-présidente de la FPF

Christiane Enamé, vice-présidente de la Fédération Protestante de France, a répondu à nos questions par téléphone depuis la Centrafrique.

Comme nous vous le disions dans deux précédents articles, une délégation protestante est actuellement en Centrafrique.

La vice-présidente de la FPF, Christiane Enamé, nous parle de cette mission.
Après la visite du Centre protestant pour la Jeunesse (CPJ), la délégation s’est rendue hier, jeudi 25 juin, à Morija, au KM18 (quartier de Bangui, capitale de la République centrafricaine).

 

Impression générale

Christiane Enamé a pu constater de visu sur le terrain comment est utilisée l’aide récoltée en France, « et de quelle façon s’illustre le partenariat missionnaire entre France et Centrafrique à travers les Églises ».

 

De nombreuses personnes sont mobilisées sur place, notamment pour l’éducation des enfants.
Ils sont en train de tout reconstruire, au sens propre comme au sens figuré : les bâtiments sont réhabilités, les salles de classe sont restaurées et de nouvelles apparaissent. L’enseignement reprend, à partir de l’alphabétisation des enfants.

 

Visite dans une salle de classe en RCA

Le CPJ à un double rôle : il permet de donner à tous un minimum d’éducation et, par extension, « il permet d’éviter que la jeunesse soit en perdition et, par exemple, prenne les armes », insiste Christiane Enamé, avant d’ajouter qu’il est « très touchant mais très rassurant de voir le sérieux avec lequel tout le monde se mobilise ».

« C’est aussi à travers cela qu’on voit comment le Seigneur se manifeste », conclut-elle.

Deuxième jour de mission : visite à Morija

 

Christiane Enamé s’est rendue pour une visite au KM 18, avec l’équipe du conseil presbytéral de l’Église du Christ Roi.

Deux classes ont été construites : on retrouve ici l’engagement pour l’éducation qui a tant marqué la vice-présidente.

Un autre projet a été lancé par cette Église : la mise en place d’une station de pisciculture destinée à nourrir la population sur place. Un lopin en maraîchage a été également installé : une première récolte de légumes locaux a eu lieu, après trois mois de travail, preuve que la terre est bonne.

« L’idée, explique la vice-présidente, est de « montrer comment accompagner la population dans ses efforts pour se remettre des événements » auxquels elle a dû faire face.

La délégation a par ailleurs apporté le montant des dons récoltés dans les Eglises protestantes de Nîmes, à l’initiative de l’aumônier militaire Serge Martorana. Les habitants de Morija ont été « très touchés par ce geste qui les encourage. Cela témoigne du soutien dont ils bénéficient ».

D’autres projets sont en cours : notamment la construction d’une salle supplémentaire pour l’école primaire et le projet d’un centre de santé.

La vision de l’Église du Christ roi, c’est « d’être au plus près de l’habitant et de travailler avec lui à l’éducation » et aux autres projets qui aident à retrouver une vie normale.

 

Des enfants devant une école à Bangui

 

Troisième jour : rencontre avec le général Pierre Gillet

 

Ce matin, vendredi 26 juin, le président de la FPF, la vice-présidente et le pasteur Jean-Arnold de Clermont ont rencontré le général Gillet, en charge de l’opération Sangaris (voir nos vidéos sur la situation en Centrafrique). Il a « expliqué d’une manière objective la situation [sur place] et la mission de la France ».

Christiane Enamé ajoute qu’elle a été marquée par « l’engagement et le sérieux avec lequel un certain nombre d’opérations se font », avant de nous dire que cette force est « là aussi pour ramener de la sécurité ».

« L’armée locale, avec l’aide des Nations unies, doit prendre le relai pour remettre en route une vie normale », conclut-elle.

 

 

Vendredi 26 juin dans l’après-midi, la délégation va rencontrer la présidente de l’Etat de la transition, Catherine Samba Panza. Nous vous en parlerons dans un prochain article.

 




Carnet de route : délégation protestante en RCA

La délégation protestante est arrivée en Centrafrique et a déjà rencontré plusieurs leaders religieux lors de sa première journée sur place. Détails.

Au cours de sa première journée en RCA, le président François Clavairoly, a visité le Centre protestant pour la jeunesse, qui comprend aujourd’hui un complexe scolaire accueillant 870 élèves, et un centre d’information et d’éducation sur le Sida pour les jeunes (voir l’article de présentation de la mission en RCA).

Ce centre, qui a subi de graves dégradations au travers de la crise centrafricaine, fait l’objet d’un projet de sécurisation et de rénovation porté par la Cevaa et le Défap, qui lui permettra de retrouver son rôle de centre culturel pour les jeunees.

 

Carte Centrafrique (Source : Google Maps)

Accueilli le matin à l’aéroport par le Pasteur Frano Mbaye Bondoie, secrétaire de l’Alliance des Evangéliques en Centrafrique (AEC), et par Bertin Oundagnon, vice-président de l’Eglise protestante du Christ Roi, le président de la FPF est accompagné par sa vice-président Christiane Enamé (ADFPF), le pasteur Marc Deroeux, Secrétaire Général de la Fédération des Eglises Evangéliques Baptistes, le Pasteur Rober Radix de la Communion des Eglises de l’Espace Francophone, et le Pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap.

Au cours de la journée, la délégation de la FPF a été reçue par le président et le vice-président de l’EPCR et a rencontré, à l’Eglise Protestante du Christ Roi, des représentants de l’AEC qui souhaitaient préparer les rencontres de la semaine à venir.

A cette occasion, le Président de la FPF a pu remettre au Pasteur Sing-Na, chargé de l’action sociale de l’AEC, le reliquat des dons des Eglises de Lyon, qui ont été affecté à un programme d’éducation et d’information sur la « santé de reproduction, VIH-Sida » dans les Eglises de la ville de Bangui.

 




Analyse de la situation en Centrafrique : troisième partie

Dans le cadre d’une série de trois vidéos, le Défap vous présente un résumé et une analyse de la situation en République centrafricaine. Troisième et dernière partie.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, est un spécialiste de la Centrafrique où il a passé plusieurs années.
Il présente ici quelques points de repères de l’histoire de ce pays depuis la colonisation française. Troisième partie.

Si vous n’êtes pas familier avec l’histoire de la Centrafrique, voici une chronologie.

 

Liste des présidents centrafricains cités

Barthélémy Boganda
David Dacko
Jean-Bedel Bokassa
Ange-Félix Patassé
François Bozizé
Michel Djotodia

 

Lexique

Force africaine Misca : La Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine est une mission de protection des biens et des personnes autorisée le 5 décembre 2013 par le Conseil de sécurité des Nations unies. Elle précède la MINUSCA (septembre 2014) et a été mise en place pour lutter contre les violences surgies après le coup d’État de 2013 contre le président François Bozizé. Elle a été déployée à partir du 19 décembre 2013 sous la houlette de l’Union africaine.

 

Force Sangaris : Sangaris est le nom d’une opération militaire de l’armée française conduite en République centrafricaine à partir du 5 décembre 2013. C’était la septième intervention militaire française depuis l’indépendance du pays en 1960.

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

Les étoiles correspondent aux quatre villes suivantes (de l’ouest à l’est) : Bangui, Damara, Mabaye, Birao

 




Mission en Centrafrique

Du 23 au 30 juin 2015, cinq représentants de diverses Eglises protestantes de France vont se rendre en Centrafrique pour une mission à plusieurs enjeux.

La délégation protestante en mission sera composée de : François Clavairoly, président de la FPF, Christiane Enamé, vice-présidente, et Robert Radix, membres d ‘Églises pentecôtistes, Marc Deroeux, Secrétaire Général des Eglises baptistes, ainsi que Jean-Arnold de Clermont, président du Défap.

 

Durant cette semaine de mission, plusieurs visites sont prévues.

 

La délégation se rendra au KM17 (quartier de Bangui), au Centre Protestant pour la jeunesse (CPJ) et à l’Église Baptiste de Sica 3 (quartier de Bangui).

La Cevaa et le Défap financent ces deux gros projets (KM17 et CPJ) pour trois ans.

L’Église Baptiste de Sica 3 a mis en place des écoles pour près de 800 enfants, aucune ne fonctionnant dans le quartier. Ces écoles sont également destinées aux parents. En effet, le taux d’analphabétisme de la Centrafrique étant de 63%.

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

 

Des rencontres avec les responsables politiques, Présidente de la transition, Premier Ministre, Ambassadeur de France et des rencontres avec les leaders religieux sont également au programme.

 

Le dimanche 28,  François Clavairoly participera au culte de l’Eglise protestante du Christ Roi, Marc Deroeux à celui d’une Eglise Baptiste, Robert Radix à celui d’une Eglise Pentecôtiste.

 

Enfin, une journée inter-protestante est organisée à la Faculté de théologie, avec notamment une célébration commune. 53% de la population en RCA est protestante mais avec une énorme diversité.

 

Cette semaine de mission a pour but d’apporter un message de solidarité des Eglises protestantes de France aux Eglises protestantes de RCA et de faciliter les relations inter-protestantes.

 




Analyse de la situation en Centrafrique : deuxième partie

Dans le cadre d’une série de trois vidéos, le Défap vous présente un résumé et une analyse de la situation en République centrafricaine.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, est un spécialiste de la Centrafrique où il a passé plusieurs années.

Il présente ici quelques points de repères de l’histoire de ce pays depuis la colonisation française. Deuxième partie.

Si vous n’êtes pas familier avec l’histoire de la Centrafrique, voici une chronologie.

 

Liste des présidents centrafricains cités

Barthélémy Boganda
David Dacko
Jean-Bedel Bokassa
Ange-Félix Patassé
François Bozizé
Michel Djotodia

 

Lexique

Zaghawa : communauté culturelle tchadienne

Seleka : « coalition » en sango, langue la plus répandue en Centrafrique

Anti-balaka : milices mises en place dans les campagnes à la fin des années 2000 pour lutter contre les coupeurs de route. L’origine de ce nom est obscure mais il est admis qu’il signifie « anti-balles AK », une référence aux gris-gris portés par les combattants et qui leur confèreraient l’immunité contre les tirs des Kalachnikov, les « AK » 47.

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

Les étoiles correspondent aux quatre villes suivantes (de l’ouest à l’est) : Bangui, Damara, Mabaye, Birao

 




Analyse de la situation en Centrafrique : première partie

Dans le cadre d’une série de trois vidéos, le Défap vous présente un résumé et une analyse de la situation en République centrafricaine.

Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président du Défap, est un spécialiste de la Centrafrique où il a passé plusieurs années.

Il présente ici quelques points de repères de l’histoire de ce pays depuis la colonisation française. Première partie.

 

Si vous n’êtes pas familier avec l’histoire de la Centrafrique, voici une chronologie.

 

Liste des présidents centrafricains cités

  • Barthélémy Boganda
  • David Dacko
  • Jean-Bedel Bokassa
  • Ange-Félix Patassé
  • François Bozizé
  • Michel Djotodia

 

Carte de la Centrafrique (Source : Google Maps)

Les étoiles correspondent aux quatre villes suivantes (de l’ouest à l’est) : Bangui, Damara, Mabaye, Birao