COP 28 : l’appel de collectifs chrétiens à des «cercles de silence»

24 organisations chrétiennes ont signé un appel à se mobiliser durant le temps de la COP28 à Dubaï. Elles proposent à toutes et tous de se rassembler pour des cercles de silence dans l’espace public. Ces rassemblements sont une manière visible, respectueuse et inclusive de faire exister les enjeux de gouvernance climatique qui peuvent sembler lointains, et, à travers ce geste humble, d’interpeller les décisionnaires sur leur pouvoir d’agir. Toute personne y est conviée, quelles que soient ses croyances. Les chrétiennes et les chrétiens peuvent prier pour que les personnes participant à la COP soient inspirées par l’Esprit Saint, et qu’elles prennent leurs responsabilités. Parmi les signataires de cet appel, relayé par l’Église protestante unie de France, figurent notamment la Fédération protestante de France, Église verte, Chrétiens unis pour la terre, aux côtés du Secours Catholique et du CCFD – Terre Solidaire.

© Collectif Lutte & Contemplation

« À travers ce silence, explique le collectif, nous portons les messages suivants : nous avons conscience de la gravité de la situation ; nous désirons que les États soient plus ambitieux sur leurs objectifs de réduction des émissions ; nous voulons que les gouvernements agissent “sans plus attendre pour éliminer définitivement les combustibles fossiles” ; nous attendons davantage de justice climatique, en particulier de la part des pays “du Nord”, qui ont promis par le passé des aides aux pays “du Sud” sans respecter jusqu’au bout leurs propositions.

Le mot d’ordre de ces rencontres est le silence. Des panneaux, des banderoles et des tracts peuvent porter notre voix. Nous appelons chacun et chacune à nous rejoindre pour les cercles de silence déjà proposés, et à en proposer de nouveaux en remplissant le formulaire ci-dessous !

Rassemblons nous pour porter ensemble dans notre silence le cri de la terre et des pauvres ! »
 

Retrouvez l’appel à lancer les « cercles de silence »

 

Rejoindre un cercle de silence

  • Lyon
    Jeudi 30 novembre – 8h à 9h devant le siège de la banque populaire, 4 bd Eugène Deruelle.
    contact : joseph.halgand@gmail.com
  • Courbevoie (La Défense)
    Jeudi 30 novembre – de 8h15 à 9h15 – Tour Total Energies Coupole, Place Coupole Jean Millier.
    contact : contact@lutte-et-contemplation.org
  • Ancenis
    Jeudi 30 novembre – de 18h à 19h – Place Alsace Lorraine, Ancenis-Saint-Géréon.
    contact : fraternite.ecologie@gmail.com
  • Versailles
    contact : b.vignon@fondacio.fr
    Samedi 2 décembre – de 11h à 12h – Place de la cathédrale 11h-12h
    Dimanche 3 décembre – de 11h à 12h – Place du marché Notre Dame
    Mardi 5 décembre – de 18h à 19h – Gare des Chantiers
  • Paris
    Vendredi 8 décembre – de 18h à 19h – Place de la République.
    contact : contact@lutte-et-contemplation.org
  • Paris
    Samedi 9 décembre – de 17h à 18h – Fontaine Saint-Michel, boucle WhatsApp

© Collectif Lutte & Contemplation

Comment organiser un cercle de silence ?

Pensez à organiser un cercle de silence dans votre ville ! Il suffit pour cela de rassembler au moins 5 personnes, de fixer une date, une heure, et de déclarer votre manifestation à la Préfecture si vous le souhaitez (la procédure est très simple). Intéressé.e ? Nous vous avons préparé ici un document avec quelques conseils pour vous guider.

Pour faire un cercle de silence : on n’a pas besoin d’être nombreux, on n’a pas besoin d’être expérimenté, on n’a pas besoin de se connaître, on n’a pas besoin d’être expert de la COP28, on n’a pas besoin d’être triste ou grave, on n’a pas besoin de belles pancartes, on n’a même pas vraiment besoin de l’inscrire sur ce site…

Toutefois, nous vous invitons à le faire. La beauté de cette mobilisation vient aussi de cette large communion entre celles et ceux qui y prennent part partout en France. Enfin, rendre publique votre initiative, c’est aussi ouvrir la possibilité qu’elle soit l’occasion de belles rencontres !
 

Proposer un « cercle de silence »
Petit guide d’organisation des « cercles »

 

Des ressources pour s’informer et prier pendant la COP28

Si vous ne pouvez pas vous joindre à un cercle de silence, ou que vous cherchez des ressources pour animer un temps de prière au sujet de la COP28, vous trouverez ici de quoi vous inspirer :

Pour vous informer davantage à propos des enjeux de la COP28, de nombreuses ressources existent sur internet. Nous vous recommandons entre autres, le dossier du Réseau Action Climat.




Session retour 2023 : de partout… vers Paris

La « session retour » des envoyés du Défap, module symétrique de la session de formation, a lieu cette année les mardi 28 et mercredi 29 novembre. Deux journées denses qui combineront moments de témoignage lors des sessions de groupe, et entretiens individuels, debriefing sur la mission de chacun et préparation à la réinsertion après le retour… Avec plusieurs enjeux : éviter le « choc du retour » et permettre aux participants de valoriser leur expérience de volontaires ; et préparer l’avenir, en songeant à la fois aux futurs envoyés qui prendront la suite sur les mêmes postes, et à des modalités d’engagement futur en lien avec le Défap.

Travaux de groupe lors d’une « session retour » des envoyés du Défap © Défap

Ils et elles seront une petite dizaine, en cette fin novembre, à prendre part à la « session retour » des envoyés. En provenance d’Égypte, de Madagascar, du Liban, de Côte d’Ivoire… mais aussi de France, puisque cette session 2023 va, pour la première fois, intégrer des volontaires en service civique accueillis en France, et venant d’Églises partenaires du Défap dans d’autres pays. Après plusieurs mois ou plusieurs années en mission dans un autre pays, les voilà de retour – ou sur le point de rentrer. Et il s’agit tout à la fois de faire le point sur ce qui a été fait, partagé et vécu ; d’échanger avec d’autres volontaires sur leur propre expérience ; de préparer cette période de l’après-mission, qui est tout aussi cruciale que celle du départ.

Parmi les participants de cette session, une grande diversité, à la fois dans les missions, mais aussi dans les profils. Armonie était ainsi partie comme VSI (Volontaire de Solidarité internationale) pour une mission d’enseignement à Madagascar. Elle est restée deux ans sur place, auprès d’enfants d’Antsirabe et Betafo. Également à Madagascar, Timothée s’adressait pour sa part à un autre public : titulaire d’un doctorat en Nouveau Testament, il enseignait la théologie. Parti en famille, il a passé cinq ans à Tananarive, où il était professeur titulaire à l’Institut Supérieur de Théologie Évangélique (ISTE). Étienne, parti comme VSI en Côte d’Ivoire, faisait de la gestion de projet auprès de l’Union des Églises Évangéliques Services et Œuvres, partenaire ivoirien de la Mission biblique. Julien était sur une mission de service civique en Égypte, au Caire, où il avait un rôle d’assistant d’éducation et d’accompagnement aux devoirs. Mona et Magda, pour leur part, venaient d’Égypte et ont effectué une mission de service civique en France, auprès des Diaconesses de Strasbourg. Believe, également venue en France pour une mission de service civique, qu’elle a effectuée à Marseille, est pour sa part originaire du Togo… Tous et toutes auront l’occasion d’échanger pendant les deux jours de cette « session retour », qui se tient cette année les mardi 28 et mercredi 29 novembre.

Le volontariat à l’international, une expérience à valoriser

L’expérience du volontariat à l’international agit toujours, pour celles et ceux qui la vivent, comme un révélateur. Elle met en lumière les forces et les faiblesses, les capacités d’adaptation, et toute personne qui est amenée à partir en mission en est nécessairement transformée. D’où l’importance, dans un premier temps, de la préparation au départ : non seulement il s’agit d’une obligation légale pour le Défap, mais c’est aussi l’occasion de fournir une « boîte à outils » aux volontaires s’apprêtant à laisser derrière eux leurs familles, leurs amis et leurs habitudes, de manière à les préparer à vivre pour le temps de leur mission dans un contexte radicalement différent, où ils seront confrontés à des enjeux nouveaux. De manière symétrique, les « sessions retours » représentent pour les envoyés revenant de mission l’une des rares occasions de se retrouver ensemble et de partager une expérience commune.

Au menu de ces deux journées denses : retours sur les missions des uns et des autres, avec des moments de témoignage au cours desquels chacune et chacun pourra évoquer sa découverte de la mission et de ses défis, de son contexte et du pays. Mais aussi préparation à la réinstallation, avec une préoccupation : transformer le vécu de la mission en expérience, pour qu’elle soit valorisée et qu’elle devienne un atout. Il n’est pas question de revenir simplement prendre sa place dans son milieu social ou familial, dans ses études ou sa vie professionnelle : faute de quoi, le risque est grand de connaître un « choc du retour », rendant la réinstallation plus difficile que le départ lui-même.

Ces « sessions retour » permettent aussi de replacer chaque projet individuel dans un projet collectif : car chacune de ces aventures vécue par les envoyés a été rendue possible par un cadre et par des relations établies de longue date entre le Service protestant de mission et ses partenaires. Il s’agit donc de faire en sorte que cette expérience du volontariat ne se limite pas à une parenthèse, ni pour les envoyés eux-mêmes, qui ont acquis une expérience au cours de la mission dont pourront bénéficier les futurs volontaires amenés à leur succéder, ni pour le Défap, pour lequel ils peuvent désormais, après avoir joué le rôle d’envoyés, endosser celui de témoins. Enfin, au-delà des sessions de groupe, ces deux journées seront l’occasion d’entretiens individuels avec le service du Défap chargé du suivi des volontaires.




Partir avec le Défap : les échanges, ça vous change

Échanges entre deux volontaires du Défap aux expériences très différentes : Luc, qui part en mission en Tunisie, a une longue carrière dans l’humanitaire. Lisa, qui part au Cameroun, est encore étudiante. Deux regards croisés sur le volontariat à l’international, ce qu’on en attend, ce qu’on y vit, ce qu’il transforme chez les volontaires qui le vivent.
À gauche : Luc, envoyé du Défap en Tunisie ; à droite, Lisa, envoyée au Cameroun © Défap

Il n’y a pas d’âge pour être volontaire du Défap. C’est particulièrement vrai quand on part avec le statut de VSI (Volontaire de Solidarité Internationale). Certaines et certains finissent tout juste leurs études, voire sont encore en train d’hésiter sur leur orientation, et sont en quête d’une expérience à l’international, d’une ouverture, pour pouvoir affiner leurs choix. D’autres, au contraire, ont une vie professionnelle déjà bien remplie et peuvent donner de leur temps et de leur expérience.

Pour ce mois de novembre 2023, « Courrier de mission », l’émission du Défap diffusée sur Fréquence protestante, met en dialogue deux de ces volontaires aux parcours très différents. Novembre, c’est une période de l’année au cours de laquelle pratiquement tous les volontaires ayant pris part à la « session de formation au départ » du mois de juillet sont sur le terrain. Ils et elles se retrouvent donc dispersés au Cameroun, en Tunisie, à Madagascar et dans de nombreux autres pays en fonction de leur mission. L’enregistrement de cette émission a justement été réalisé avant le départ des uns et des autres, et peu après cette formation qui constitue l’un des rares moment où tous les « envoyés » du Défap se retrouvent en un même lieu et peuvent échanger à la fois sur leurs parcours, leurs motivations, et sur leurs futurs lieux d’engagement.

Partir avec le Défap : les échanges, ça vous change

Courrier de Mission
Émission du 19 novembre 2023 sur Fréquence Protestante

 

Deux envoyés aux parcours très différents

Voici donc Lisa et Luc. Lisa a senti que le moment de partir était venu pour elle pendant sa troisième année d’études d’infirmière. Elle connaît le Défap depuis toute jeune : elle avait déjà participé à un échange en tant que catéchumène. Elle a aussi effectué un stage dans un dispensaire en Namibie, qui a constitué pour elle « une révélation », et lui a donné envie de s’engager de nouveau en Afrique. Luc, pour sa part, a déjà une longue expérience de travailleur humanitaire. Il a effectué des missions avec de nombreuses ONG, et sur de nombreux terrains différents, avant de partir en Tunisie avec le Défap.

Dans ce dialogue entre Lisa et Luc, diffusé alors que tous deux ont rejoint leur lieu de mission, ils évoquent leurs attentes, ce qu’ils laissent derrière eux, leurs relations avec leurs proches, ce que cela représente pour chacun d’être ainsi loin de leur pays et de leurs habitudes. Ils évoquent aussi l’après-mission, et le retour en France. Ainsi que la formation au départ suivie au Défap, et ce qu’elle apporte aux envoyés.




Avec DM, soutenons la formation théologique

DM, le « cousin suisse » du Défap, fête ses 60 ans d’existence ce samedi 18 novembre à la cathédrale de Lausanne. Une célébration qui viendra en point d’orgue d’une année entière consacrée à cet anniversaire, et marquée par une soixantaine de gâteaux partagés avec des partenaires – dont le Défap. Car entre les deux institutions, les liens sont anciens et les passerelles nombreuses : proximité des visions et des modalités d’engagement, même pratique de l’envoi de personnes, soutien aux mêmes organismes œuvrant dans les milieux d’Églises, comme le Secaar en matière d’environnement, ou la CLCF en matière de formation théologique et de soutien aux bibliothèques universitaires… Précisément, DM consacre son appel de Noël à la CLCF. Avec un peu plus de 100 €, vous pouvez, vous aussi, permettre l’envoi de quatre livres neufs de théologie dans une de ces bibliothèques, pour aider à la formation de futurs pasteurs.

Une des formations organisées par la CLCF à destination des personnels de bibliothèques universitaires des facultés de théologie © CLCF

 

Je donne pour la CLCF

Une soixantaine de gâteaux partagés avec autant de partenaires… Tout au long de l’année 2023, au fil de leurs déplacements, les représentants de DM sont allés aux quatre coins du monde souffler des bougies en compagnie d’Églises ou d’organismes liés à des Églises, avec lesquels ils mènent des projets dans les domaines de l’agroécologie, de l’éducation, de la théologie… En Égypte, ils ont partagé un gâteau avec la paroisse protestante du Caire et d’Alexandrie ; en Côte d’Ivoire, un autre gâteau à Jacqueville, à l’occasion de l’Assemblée générale de la Cevaa ; un autre lors de l’Assemblée générale du Comité exécutif de l’ACO, l’Action Chrétienne en Orient ; au Bénin, avec le CIPCRE (Cercle International pour la Promotion de la Création) ; avec le département éducation de la FJKM, l’Église réformée malgache, à Madagascar ; avec, bien sûr, toutes les Églises de Suisse romande… À Paris, c’est à l’occasion de l’Assemblée générale du Défap, en mars, que DM est venu souffler les bougies de son soixantenaire.

Cette année de célébration va culminer samedi, 18 novembre, avec un culte spécial organisé à partir de 16 heures à la cathédrale de Lausanne. La prédication sera assurée par le Rev. Dr. Carlos Emilio Ham, pasteur cubain, recteur du SET (Seminario Evangelico de Theologia) ; à noter, pour les chants, la présence de chorales de communautés malgaches et coréennes.

Le Défap et DM, des liens anciens et nombreux

Célébration des 60 ans de DM au Mexique © DM

Cet anniversaire des 60 ans fêté tout au long de 2023, quand le Défap a fêté son cinquantenaire tout au long de 2021, est l’occasion de rappeler les liens qui unissent les deux organismes. DM, c’est un peu le cousin suisse du Défap. Né durant la même période mais quelques années auparavant ; œuvrant dans des milieux d’Églises similaires et invité comme le Défap aux Conseils et aux Assemblée générales de la Cevaa (DM est ainsi le département missionnaire des Églises de Suisse romande, quand le Défap réunit trois unions d’Églises protestantes françaises de tradition luthéro-réformée). Avec des modalités d’engagement et des visions très proches, une même pratique de l’envoi de personnes, des zones d’intervention qui se recouvrent en partie… DM a une histoire qui se rattache à la Société des missions évangéliques de Paris, dont est directement issu le Défap. DM et Défap ont eu l’occasion d’organiser des sessions communes de formation de volontaires, ainsi que des « sessions retour ». Des envoyés du Défap ont pu par la suite devenir envoyés de DM. Défap et DM sont en lien avec de nombreux partenaires communs. C’est le cas du Secaar, organisation au service du développement holistique, qui regroupe 19 Églises et organisations chrétiennes d’Afrique et d’Europe, et dont le Défap est membre fondateur. C’est également le cas de la CLCF, la Centrale de Littérature Chrétienne Francophone, association missionnaire fondée par le Défap et DM au service des Églises et des institutions de formation théologique protestantes francophones à travers le monde. Son directeur, Maïeul Rouquette, a participé à la session de formation 2022 des envoyés du Défap. On retrouve dans son conseil d’administration Philippe Wasser, représentant de DM, ainsi que Claire-Lise Lombard et Jean-Pierre Anzala, représentants du Défap.

Ce que fait la CLCF

Précisément, DM consacre son appel de Noël à la CLCF. Un organisme discret mais dont le champ d’action est large : il couvre en effet l’Océan Indien (Madagascar, Réunion, Maurice), toute l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest, le Pacifique (Polynésie française, Nouvelle Calédonie, Fidji) et les Caraïbes. La CLCF favorise l’échange des savoirs théologiques en formant, équipant et accompagnant les bibliothèques théologiques d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Concrètement, elle envoie des conteneurs de livres à ses bibliothèques partenaires, organise des programmes de formation des auxiliaires de bibliothèque. Elle travaille avec une centaine d’institutions du monde protestant francophone.

Maïeul Rouquette (deuxième en partant de la droite) lors d’un déplacement au Cameroun © Maïeul Rouquette / CLCF

Pour 2024, la CLCF prépare un conteneur de livres à destination de 15 institutions d’Afrique centrale, ainsi qu’une formation d’un mois pour 15 bibliothécaires en août à Butare au Rwanda. En répondant à l’appel de DM, vous contribuerez à soutenir une institution qui associe DM et Défap depuis plus de trente ans, mais surtout, vous pourrez aider de manière concrète la formation théologique en Afrique francophone : en donnant un peu plus de 100 euros, vous permettrez l’envoi de quatre livres neufs de théologie. Avec 200 euros, vous contribuerez à un séjour de formation pour un.e bibliothécaire :

Je donne pour la CLCF

Comme le rappelle Maïeul Rouquette, « des bibliothèques bien fournies et bien organisées favorisent la formation théologique des futur.es pasteur.es et des leaders d’Église. » Retrouvez ci-dessous un entretien dans lequel il revient sur ce que lui a apporté son parcours en théologie, et partage les raisons qui l’ont poussé à s’engager au sein de la CLCF.

 




Les protestants dénoncent l’antisémitisme

Selon le ministre de l’Intérieur, qui s’exprimait le 14 novembre sur Europe 1, 1518 actes et propos antisémites ont été signalés en France depuis le 7 octobre, donnant lieu à près de 600 interpellations – des chiffres trois fois supérieurs à ceux constatés sur toute l’année 2022. Face à cette recrudescence, de nombreuses marches civiques ont été organisées dimanche 12 novembre à travers toute la France et ont réuni quelque 182 000 participants. Les protestants y étaient représentés, comme à Paris où Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, a défilé en tête du cortège. Le lendemain, les représentants des principaux cultes ont été reçus par le président de la République, qui leur a demandé de participer à « un effort pédagogique », en particulier auprès des jeunes. Les Églises membres du Défap ont diffusé des communiqués dénonçant fermement la multiplication des actes antisémites. Les responsables religieux du CECEF (Conseil d’Églises chrétiennes en France), réunis lundi 13 novembre, ont tenu pour leur part à exprimer leur soutien aux communautés juives et musulmanes de France.

Le président de la Fédération protestante de France, Christian Krieger, participant à la marche contre l’antisémitisme avec de nombreux responsables politiques, le dimanche 12 novembre à Paris © FPF

Déclaration de l’UEPAL contre l’antisémitisme en France
10 novembre 2023

Si les mots manquent pour dire ce que nous ressentons sur les événements en Israël, Gaza et Palestine, il serait pour autant une erreur de se taire sur ce qui se passe en France : la montée de l’antisémitisme et de l’islamophobie.

Rappelons la déclaration fraternelle du protestantisme au Judaïsme dans le document intitulé « Cette mémoire qui engage » de décembre 2017 :
La Fédération Protestante de France condamne l’antisémitisme sous toutes ses formes… « comme une attitude absolument inconciliable avec.[…] la foi chrétienne »… Cette déclaration affirmait également la coresponsabilité des chrétiens, par omission ou par silence, dans la tragédie de la Shoah.
Retrouvez la déclaration de la FPF en ligne

De son côté, l’UEPAL a adopté, en juin 2017 à l’occasion des 500 ans de la Réforme, une déclaration intitulée « Luther, les Juifs et nous aujourd’hui » dont voici la conclusion :
« Au-delà de l’antijudaïsme religieux, l’antisémitisme gangrène jusqu’à nos jours nos sociétés et nos mentalités. Nous voulons en prendre davantage conscience et le combattre plus fortement que par le passé dans nos communautés et dans l’espace public. »
Retrouvez la déclaration de l’UEPAL en ligne

Ces textes rejoignent hélas notre actualité, alors que les actes antisémites en France augmentent de façon inquiétante.

Notre responsabilité consiste à permettre aux Juifs de vivre libres et en sécurité dans notre pays. Ils ne devraient pas craindre de vivre publiquement leur religion et leur culture. Or cette peur est de retour. Les événements en Israël-Palestine ne peuvent en aucun cas constituer un prétexte pour relativiser les attaques dont juifs ou musulmans pourraient faire l’objet dans notre pays.

La République protège tous les citoyens et reconnaît à chacune et chacun de vivre librement et en sécurité sa religion et sa culture.

La Conférence des responsables de culte en France regroupe des représentants des Églises chrétiennes (catholique, orthodoxe et protestante), du judaïsme, de l’islam, du bouddhisme. Elle appelle : « nos concitoyens, croyants ou non, à préserver et cultiver les relations fraternelles qui lient les uns aux autres dans le respect et l’attention mutuelle ; à rejeter fermement tout antisémitisme, tout racisme, tout mépris ou discours de haine et de mort ; à rechercher inlassablement la vérité et la justice en vue de la paix. »

Nous invitons toutes nos communautés à prier et agir sans relâche pour qu’adviennent justice et paix.

Le Conseil de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine

 

Déclaration de l’Église protestante unie de France :
L’antisémitisme, c’est « non » !

Un « non » qui engage
Dans d’autres langues, il existe des formules courtes et chocs pour dire que des idées, des actes, des positionnements sont inadmissibles. « No way », « no passaran »…

Quelle formule inventer en français pour dire avec autant de force que certaines choses ne sont pas et ne seront jamais acceptables ? Peut-être tout simplement exprimer fermement un « non » !

L’antisémitisme, c’est non ! Le rejet, l’exclusion, l’agression, le meurtre au motif du judaïsme, c’est « non » !

La recrudescence actuelle des actes antisémites est insupportable. C’est « non » !

Et ce « non » est dans le tout du « non » au racisme, au rejet de celles et ceux qui sont différents.

Ce « non » est un « non » positif, un « non » qui protège la vie, un « non » qui tient debout. Il est soutenu et précédé par le « oui » de Dieu sur toute vie !

Ce « non » engage et appelle à la défense des personnes victimes. Il nomme l’insoutenable, il le rend visible, il donne corps à une résistance.

Collectivement, au-delà des convictions partisanes, ce « non » se dit et se vit. Ce week-end particulièrement, ce « non » pourra se dire dans une marche citoyenne à Paris ou ailleurs. À chacune et chacun d’inventer ensemble comment dire ce « non » et accueillir le « oui » de Dieu.

Prière

Quand le monde s’embrase et nous échappe,
Quand sa complexité nous laisse dans l’incompréhension,
Quand toute parole semble vaine ou malvenue,
Apprends-nous Seigneur à faire silence.

Quand des êtres humains sont exclus ou agressés, menacés ou assassinés,
Quand nos frères et sœurs sont victimes d’actes de haine parce qu’ils sont juifs,
Quand des populations entières sont stigmatisées et vivent dans la peur à cause de leur religion ou de leur origine,
Apprends-nous Seigneur à dire fermement « non ».

Quand les cris de celles et ceux qui souffrent se heurtent à notre impuissance,
Quand nous ne savons plus discerner où se trouve la justice,
Quand nous nous réfugions dans l’indifférence,
Apprends-nous Seigneur à nous mettre à ton écoute, à entendre le « oui » que tu poses sur toute vie, à veiller sur les étincelles d’espérance qui germent dans la nuit du monde.

Amen

En Ile-de-France, l’organisation de la marche civique coïncidant avec celle du synode régional de l’EPUdF, les participants de ce dernier ont voté un vœu soulignant que « le synode, retenu par ses travaux et n’ayant pu se joindre à la marche contre l’antisémitisme, assure toutes les communautés juives de région parisienne de son amitié et de son soutien. »

 

Déclaration du CECEF (Conseil d’Églises chrétiennes en France)

Les responsables religieux unis pour la fraternité : Rencontres interconfessionnelles en France
Paris, le 14 novembre 2023

Lundi 13 novembre, les représentants religieux chrétiens de France se sont unis pour exprimer leur soutien aux communautés juives et musulmanes de France.

Ensemble, le pasteur Christian Krieger, président de la Fédération protestante de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, président de la Conférence des évêques de France et du Métropolite Dimitrios Ploumis, président de l’Assemblée des Évêques orthodoxes de France, ont rencontré le Grand Rabbin Haïm Korsia pour lui réaffirmer leur soutien sans faille face à la situation préoccupante que connait aujourd’hui notre pays, en particulier la très forte augmentation des actes antisémites en France depuis un mois, tout en mettant l’accent sur l’avenir.

Dans le même esprit, ils ont rendu visite et échangé avec Me Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, afin de lui manifester leur solidarité envers les musulmans de France, alors que les discours antimusulmans réducteurs et les amalgames se multiplient dans notre pays.

L’objectif principal de ces rencontres était de comprendre les réalités vécues par ces communautés, mais surtout, de réfléchir ensemble à la mise en place d’initiatives concrètes destinées à renforcer l’harmonie interreligieuse parmi les jeunes générations.

Ces initiatives ont pour ambition de maintenir élevé le niveau du dialogue interreligieux en ces temps troubles, de favoriser la compréhension interculturelle et de soutenir des actions concrètes pour une société plus fraternelle. Ces cinq représentants de cultes se sont engagés à orienter leurs actions de sorte que la diversité culturelle et religieuse devienne une réelle source de fraternité, de solidarité et de paix sociale pour tous, notamment pour les générations à venir.

Pasteur Christian Krieger
Président de la Fédération protestante de France

Mgr Éric de Moulins-Beaufort
Président de la Conférence des évêques de France

Mgr Dimitrios Ploumis
Président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France




Madagascar : la paroisse des Batignolles fête les 100 ans de la « Trive 1 »

Le 2 décembre 2023, la paroisse des Batignolles accueille la fête en avant-première du centenaire du premier groupe scout protestant de Madagascar. Une forme de retour aux sources : cette paroisse était celle de Jean Beigbeder avant son départ pour Tananarive, où il devait fonder en 1924 le mouvement des Éclaireurs unionistes malgaches. Mais cette célébration sera aussi l’occasion de rencontres autour de Madagascar… et de retrouvailles pour nombre de familles, françaises comme malgaches, aujourd’hui installées en France, dont l’histoire a été directement marquée par l’aventure de la « Trive 1 ».
L’affiche de la célébration à Paris du centenaire du premier groupe scout protestant de Madagascar

 

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Avant de devenir le fondateur du scoutisme unioniste à Madagascar en 1924, Jean Beigbeder avait déjà été l’une des premières figures du mouvement en France. C’est lui notamment qui, à Paris, avait créé dès 1912 la troupe de Clichy – troupe qui devait devenir Batignolles III en 1915. Et c’est à la paroisse de l’Église protestante unie des Batignolles que seront célébrés, le 2 décembre 2023, les cent ans du premier groupe scout protestant de Madagascar, la « Trive 1 ». Pendant que se préparent parallèlement sur la Grande Île les festivités du centenaire des Éclaireurs unionistes…

La « Trive 1 » : un groupe interculturel © Chrystel Raharijaona pour Défap

À Madagascar, de tels rendez-vous sont honorés avec faste. En 1964, la Poste malgache avait diffusé un timbre spécial à l’occasion du quarantième anniversaire. En 2004, lors de la cérémonie d’ouverture des 80 ans des scouts protestants organisée au Palais des sports et de la Culture, à Tananarive, le président de la République, qui était alors Marc Ravalomanana, leur avait promis deux cent millions de francs malgaches. Une enveloppe destinée à financer des projets de développement, répartie entre les principales composantes des scouts protestants, les « Tily eto Madagasikara » (les Éclaireurs) et les « Mpanazava eto Madagasikara » (les Éclaireuses), mais qui n’oubliait pas les scouts catholiques, les « Antilin’ny Madagasikara ». Il faut dire que les valeurs, ainsi que le rôle éducatif et social des scouts, bénéficient d’une excellente reconnaissance dans l’île. Le mouvement a contribué à préparer l’indépendance du pays. Lorsque Madagascar a connu de graves inondations en mars 1959, leur rôle dans l’assistance aux sinistrés leur a valu de recevoir une distinction honorifique de la part du président de la République, Philibert Tsiranana, pour leur « dévouement exceptionnel » et leur « abnégation totale devant le danger », leur action ayant « sauvé de nombreuses vies humaines ». Aujourd’hui encore, les « Tily » (les « sentinelles ») assument un rôle en faveur de « la promotion de l’engagement citoyen » et de « l’intégrité dans le processus démocratique » auprès de Transparency International Initiative Madagascar (TI-MG) ; ils ont signé une convention avec le Centre de Recherches et d’Appui pour les alternatives de Développement Océan Indien (CRAAD-OI) pour mieux comprendre et agir face au dérèglement climatique ; ils développent des projets en lien avec les ODD (les objectifs de développement durable des Nations unies)…

Membres de la « Trive 1 » © Chrystel Raharijaona pour Défap

La double culture de la « Trive 1 »

Si, historiquement, le mouvement scout catholique a été le premier créé dans l’île, devançant de quelques mois les scouts protestants, ces derniers ont connu un développement plus important. Lorsqu’il signa officiellement leur acte de naissance en 1924, Jean Beigbeder dirigeait à Tananarive le « Foyer », une section des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG). Un lieu dont il devait bientôt chercher à faire un « espace franco-malgache », avec la possibilité pour des « jeunes » de différents âges, bridés dans leurs aspirations, d’accéder à la culture européenne, tout en participant à la valorisation de la leur propre. Cette recherche de la rencontre, palpable dans ses lettres de l’époque, donna aussi une coloration particulière à la « Trive 1 », le premier groupe scout protestant. Un groupe d’emblée marqué par « une double culture, avec des familles françaises et malgaches », souligne Chrystel Raharijaona, dont le père et avant lui, toute la famille paternelle a fait partie de la « Trive 1 » dès les années 30. Elle-même, engagée au sein des Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France (EEUdF), évoque « les liens affectifs forts, et les amitiés qui se sont créées » à travers ce groupe, par-delà les frontières culturelles. Un aspect qui a persisté après la « malgachisation » du mouvement scout dans l’île : la « Trive 1 » restait un groupe particulier, multiculturel, où l’on parlait français, tout en cultivant l’engagement fort du groupe et de ses membres au sein du mouvement des Tily Eto Madagasikara et plus largement, en prenant part au développement de Madagascar.
 

Film ci-dessous : « Tily Malagasy (Sentinelles Malgaches) » par les Éclaireuses et Éclaireurs unionistes de France (1951) – Archives départementales du Val-de-Marne. Commentaire rédigé par Faranirina Rajaonah, lu par Helimamy Esoavelomandroso et Claire-Lise Lombard.



Lors de sa création, la « Trive 1 » était le reflet du milieu dans lequel évoluait Jean Beigbeder à Tananarive : on y trouvait notamment « des enfants de familles bourgeoises, intellectuelles ou influentes », témoigne Chrystel Raharijaona. Et c’est « cette génération qui a dû se tenir debout pour contribuer à la période post-indépendance ». Le but du scoutisme étant de « faire grandir des enfants pour qu’ils deviennent des adultes intégrés, responsables, tenant leur place dans la société et voulant laisser un monde meilleur », au fil des années, « les membres de la « Trive 1″ ont pris des responsabilités, ont été des constructeurs. Ils ont pris des rôles dans la diplomatie, la santé, le social, l’armée, l’enseignement, les Églises, les arts et la culture… » Avec toujours le souci de « faire le pont avec la culture française tout en cultivant l’identité malgache ». Certains sont aussi venus étudier puis s’installer en France, avec la même volonté de s’impliquer et de construire.

« Z’oeil de chouette », pont entre les Éclaireurs de France et de Madagascar

Célébrer le centenaire de la « Trive 1 » aux Batignolles, pendant que Madagascar va fêter le centenaire du scoutisme unioniste malgache, est donc plus qu’un retour aux sources. Cette paroisse était celle de Jean Beigbeder avant qu’il ne parte à Madagascar – et la figure de « Z’oeil de chouette » (son surnom chez les Éclaireurs), ou « Rabeigy » chez les Malgaches, devenu par la suite le premier président du Scoutisme Français, est encore aujourd’hui un pont entre les Éclaireurs des deux pays. La célébration sera d’ailleurs marquée par une conférence donnée par les auteures des « Lettres de Tananarive – Jean Beigbeder à son père » : Faranirina Rajaonah, professeure émérite d’histoire à l’Université Paris Diderot et membre du Cessma (Centre d’Études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques), et Claire-Lise Lombard, responsable de la bibliothèque du Défap, en particulier chargée de la valorisation des archives de la Société des missions évangéliques de Paris (1822-1971). Mais au-delà, cette célébration sera aussi l’occasion de retrouvailles pour plusieurs générations, françaises comme malgaches, qui ont été marquées par l’histoire de la « Trive 1 ». Une histoire qui a directement influé sur le parcours de familles venues de Madagascar pour s’établir en France : nombre d’anciens de la « Trive 1 » sont aujourd’hui « membres de l’EPUdF et s’y sentent chez eux. D’autres sont engagés dans les Églises protestantes malgaches en France, témoigne Chrystel Raharijaona. Ils sont devenus membres actifs, conseillers presbytéraux ou pasteurs, parce que leur histoire et leur éducation les poussaient à s’engager, là où ils sont. »

« Lettres de Tananarive » : retrouvez ci-dessous une interview des auteures pour « Madagascar Media »





Tour des Synodes régionaux de l’EPUdF

Cet automne, chaque région de l’Église Protestante Unie de France, l’une des trois unions d’Églises constitutives du Défap, organise son synode, et poursuit sa réflexion sur le thème : « La mission de l’Église et les ministères ». Un thème qui est au cœur même des activités du Défap, dont les représentants sont, comme chaque année, présents pour participer à chacun de ces synodes.

© EPUdF

En cette année 2023, les synodes régionaux de l’EPUdF, à partir des rapports régionaux, vont débattre autour de quatre grandes thématiques sur le thème lancé depuis 2021 : « La mission de l’Église et les ministères » :

  • Témoigner par des paroles et des actes
  • Témoigner en intégrant la diversité de l’Église universelle
  • Témoigner en s’appuyant sur une variété de ministères
  • Témoigner grâce à la formation continue de tous (spirituelle, théologique, humaine)

Les questions sur la mission, tous les organismes missionnaires comme le Défap y sont aujourd’hui confrontés, dans un temps qui connaît des évolutions de plus en plus rapides et de grande ampleur. Et ce qui est vrai des organismes missionnaires l’est tout autant des Églises elles-mêmes.

Comme chaque année, le Défap est présent à ces divers synodes régionaux, dont voici le calendrier :

 

Région Date et lieu du synode
Centre-Alpes-Rhône 10-12 novembre à Vogue
Cévennes-Languedoc-Roussillon 17-20 novembre à Sète
Est-Montbéliard 18-20 novembre à Besançon
Nord-Normandie 17-20 novembre à Criel -sur-Mer
Ouest 17-19 novembre à Angers
Provence-Alpes-Corse- Côte d’Azur 17-20 novembre à Sainte Tulle
Région parisienne et l’Inspection luthérienne de Paris 10-12 novembre chez les diaconesses à Paris
Sud-Ouest 17-20 novembre à Bordeaux

Une réflexion au long cours

Au Défap, la réflexion est engagée depuis mars 2018, lorsque son président, Joël Dautheville, avait lancé un appel en faveur d’une dynamique refondatrice dans son message à l’ouverture de l’Assemblée générale. Une réflexion qui ne peut bien sûr être indépendante de celle des Églises constituant le Service Protestant de Mission. Mais en la matière, chacune avance en fonction de son propre contexte, de sa propre histoire et au rythme de ses propres instances. En octobre 2019, le colloque organisé au 102 boulevard Arago «Vers une nouvelle économie de la mission : parole aux Églises» avait permis de réunir les présidents des trois Églises constitutives du Défap : l’EPUdF, l’UEPAL et l’Unepref. Il s’était traduit par des échanges très riches au cours desquels s’étaient exprimées les diverses conceptions de la mission, et une diversité d’attentes vis-à-vis du Défap.

Actuellement, le processus de réflexion de l’EPUdF (Église Protestante Unie de France), de l’UEPAL (Union des Église protestantes d’Alsace et de Lorraine) et de l’Unepref (Union des Église protestantes réformées évangéliques de France) sur leurs attentes communes vis-à-vis du Défap est toujours en cours. Un premier texte issu des travaux au sein de l’EPUdF a été soumis au dernier Conseil du Défap et a fait l’objet de discussions lors de travaux de groupes.




Israël – Palestine, la parole des Églises

L’Action Chrétienne en Orient (ACO) fait partie des organismes œuvrant dans le milieu des Églises avec lesquels le Défap entretient des liens étroits. Certains des volontaires du Défap, en Égypte par exemple, sont co-envoyés avec l’ACO. Un autre lieu d’engagement commun au Défap et à l’ACO est le Programme œcuménique d’accompagnement en Palestine et en Israël (EAPPI), mis en place en 2002 par le Conseil œcuménique des Églises pour aider les efforts de paix entre Israéliens et Palestiniens. Depuis le 7 octobre, l’ACO s’efforce de diffuser des informations et des déclarations d’Églises appelant à l’apaisement. Elle vient de rédiger un communiqué détaillé faisant le point sur ces divers appels et fournissant de nombreux liens, que nous reproduisons ici.

© iStock

Depuis le début des événements qui ensanglantent Israël et la bande de Gaza, puis la Cisjordanie et le sud du Liban, l’ACO a choisi de relayer, sur sa page Facebook, des informations, des analyses et des points de vue qui aident à la compréhension des enjeux du conflit.

Pour nous, chercher à comprendre la violence structurelle et complexe de la situation israélo-palestinienne n’a jamais pour objectif de justifier les crimes et les actes de guerre. C’est au contraire une manière de ne pas se laisser emporter par les émotions qui nous touchent et ne pas sombrer dans le ressentiment envers les uns ou envers les autres. Nous savons que de part et d’autre beaucoup aspirent à la paix via une solution politique qui soit juste et satisfaisante pour tous. Nous savons aussi que les extrémistes des deux camps ont sciemment choisi, depuis trente ans (et les accords d’Oslo en 1993), d’étouffer toute solution pacifique pour mettre en œuvre une logique jusqu’au-boutiste. Nous voyons l’échec de leurs idéologies, nous déplorons le fanatisme, nous dénonçons l’illusion que la violence pourrait apporter la sécurité ou la justice.

L’ACO fait également le choix de relayer le positionnement des Églises palestiniennes, notamment des Églises protestantes et des mouvements œcuméniques qui n’ont cessé d’interpeller, depuis des années, les Églises et les institutions occidentales et internationales, sur l’impasse et les dangers d’une situation devenant chaque jour plus intenable.

Depuis le 7 octobre, ces Églises dénoncent premièrement et très clairement le recours à la violence. Elles déplorent la perte de tant de vies humaines, en premier lieu les civils innocents, israéliens et palestiniens. Elles se positionnent clairement contre toute forme de vengeance alimentant le cycle des représailles et nourrissant la haine mutuelle.

Elles prient pour toutes les victimes et appellent à la paix.

Elles rappellent également avec force qu’il n’est pas possible de comprendre la situation générale sans prendre en compte le contexte de l’occupation et de la colonisation de la Cisjordanie, de même que le blocus de Gaza, situations qui perdurent et empirent depuis des décennies.

Elles demandent le respect du droit international et appellent de tout leur cœur une solution politique faisant droit à la coexistence de l’ensemble des Israéliens et des Palestiniens.

Elles rendent compte de leur vécu et de leurs analyses qu’il est nécessaire d’accueillir et d’entendre si nous souhaitons véritablement comprendre nos frères et sœurs chrétiens palestiniens.

Enfin ces Églises dénoncent les théologies de certaines Églises évangéliques et protestantes qui, aux Etats-Unis et en Europe, justifient aveuglément et sans aucune retenue la politique de l’Etat d’Israël à l’égard du peuple palestinien et sa manière de conduire la guerre, souvent en invoquant des interprétations eschatologiques (« de la fin des temps ») de passages bibliques.

Ces prises de position doivent nous interpeller même si elles peuvent nous heurter ou nous embarrasser : elles doivent nous obliger à la réflexion et à la compréhension de la situation.

Nous ne voyons pas d’avenir dans les crimes terroristes du Hamas ni dans la réponse militaire d’Israël à l’égard des civils de Gaza et de Cisjordanie. Nous croyons que les victimes israéliennes et palestiniennes sont in fine victimes de tous ceux qui ont tant de fois fait échouer la paix par le passé. Nous croyons qu’il n’y a pas de fatalité et qu’il est essentiel d’encourager toutes celles et ceux, Israéliens et Palestiniens, qui s’engagent pour la paix et la justice à travers tant d’associations et d’initiatives sur le terrain. A quand des responsables politiques prêts à construire une coexistence pacifique et juste ?

Nous nous reconnaissons dans toutes les initiatives de rencontres en Église qui proposent des temps de prière, de silence et de méditation autour de la recherche de la paix. Sur ce lien vous trouverez une proposition de sujets de prière par Mme Rula Khoury Mansour,  avocate et théologienne protestante palestinienne, citoyenne israélienne, vivant à Nazareth.

Le bureau du comité directeur de l’Action Chrétienne en Orient

DÉCLARATIONS D’ÉGLISES



Des projets pour faire vivre les liens

Au Défap, le financement de projets obéit avant tout à une logique : celle d’entretenir des relations au sein d’un réseau d’Églises. Les projets viennent ainsi s’ajouter aux échanges de personnes (qu’il s’agisse d’envoi de volontaires, d’accueil de chercheurs…) et aux relations institutionnelles (notamment entre facultés de théologie) pour nourrir ces relations au quotidien. Et leur principale caractéristique, c’est qu’ils font l’objet d’une co-construction, ce qui garantit qu’ils correspondent bien à un besoin réel sur place. Le point avec Maëlle Karen Nkot, chargée des projets au Défap, à l’occasion d’une interview pour Fréquence protestante.
Maëlle Karen Nkot, chargée du suivi des projets au Défap © Défap

 
Dans quelle perspective sont choisis les projets financés par le Défap ? Pour répondre à quels besoins ? Et à l’issue de quel parcours ? « Courrier de mission », l’émission de radio du Défap diffusée chaque troisième dimanche du mois sur Fréquence protestante, a donné la parole en ce mois d’octobre à Maëlle Karen Nkot, chargée du suivi des projets au sein du Service protestant de mission.

De manière générale, les projets financés par le Défap s’inscrivent surtout dans les domaines de l’enseignement, de la santé, de l’environnement. Avec, pour tous, deux caractéristiques essentielles : ils servent avant tout à nourrir des relations d’Églises, et sont co-construits avec les partenaires sur place. Ils sont l’expression et la concrétisation de relations souvent établies de longue date avec des Églises par-delà les frontières, héritées d’une longue histoire commune, et entretenues aussi bien à travers les échanges de personnes (envoi de volontaires, visites ponctuelles de groupes ou accueil de boursiers) qu’à travers les projets eux-mêmes. Ils sont directement issus de demandes de partenaires du Défap, ce qui garantit qu’ils répondent au mieux aux besoins sur place, et font l’objet d’une co-construction.
 

Comment sont construits les projets au Défap

Courrier de Mission
Émission du 15 octobre 2023 sur Fréquence Protestante

 

Comment répondre aux situations d’urgence ?

Maëlle Karen Nkot participe à cette co-construction en aidant à monter les dossiers, en demandant des renseignements complémentaires si nécessaire. « Nos partenaires sur le terrain nous sollicitent (…) par exemple pour des besoins en formation, ou en électrification, ou encore en alimentation », témoigne-t-elle dans « Courrier de mission ». Il s’agit dès lors d’évaluer quelle réponse apporter, pour quels bénéficiaires, avec quels moyens… et le dossier va entamer son parcours devant la « Commission Projets », l’instance qui, au sein du Défap, est chargée de rendre les arbitrages. Il se peut qu’il y ait besoin de chercher d’autres financements. De faire appel à d’autres institutions… Cette Commission, composée de 8 à 12 personnes, se réunit en général trois fois par an, et elle a également pour tâche d’assurer le suivi et l’évaluation des différents projets du Défap en accompagnement du Secrétaire général.

Un projet soutenu par le Défap à Djibouti : jeunes du centre de formation de l’EPED (Église protestante évangélique de Djibouti) initiés aux techniques de l’installation et de la maintenance de panneaux solaires © EPED

S’inscrivant dans des relations établies dans la durée, les projets accompagnés par le Défap ont aussi pour finalité de produire des effets sur le long terme. Il peut s’agir par exemple d’équiper des bâtiments universitaire, de renforcer les capacités de personnels sur le terrain… Le Défap n’a pas vocation à intervenir dans des situations d’urgence. Les besoins dans ce domaine ont pourtant tendance à croître, et les demandes de partenaires à se multiplier. Le Défap peut alors y répondre en adressant les dossiers à Solidarité protestante, une plateforme dont il est membre et qu’il a contribué à mettre en place. Le comité de cette plateforme est piloté par la Fondation du Protestantisme et la Fédération protestante de France, qui s’entourent d’ONG et d’institutions chrétiennes expertes dans l’aide humanitaire d’urgence et de crise. Parmi les projets présentés par le Défap et financés, à travers Solidarité protestante, par la Fondation du Protestantisme, figurait ainsi au cours de l’année 2023 une aide d’urgence à des victimes d’un sinistre survenu au nord du Cameroun : des pluies diluviennes et des inondations avaient provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, dont les cultures avaient été perdues, et qui s’étaient retrouvées sans ressources. Le projet présenté par un partenaire du Défap sur place, l’Église Fraternelle Luthérienne du Cameroun (EFLC), qui avait permis de distribuer des vivres à environ 10.000 bénéficiaires, avait été financé à 50% par Solidarité protestante, et à 50% par le Défap.

Distribution de vivres après les intempéries dans le nord du Cameroun : un projet présenté par l’EFLC et financé par le Défap et la Fondation du protestantisme © Défap

 




«Ces rencontres m’aident à grandir dans tous les aspects de ma vie»

Believe, notre Service civique venue du Togo, poursuit sa mission au sein de l’Association diaconale protestante Marhaban, à Marseille. Rencontres et découvertes, activités menées au sein de l’association : elle partage avec nous dans cette lettre de nouvelles ses défis, ses enthousiasmes et ses réflexions, avec toujours la même énergie communicative. Une expérience qu’elle vit comme une « opportunité » pour « trouver notre place en tant que jeune engagé dans l’Église, et aussi dans la société ».

Believe, service civique togolaise, en mission à Marseille au sein de l’association Marhaban © Believe pour Défap

 

VOLONTAIRE
  • Believe, Togolaise, 25 ans
  • Accompagnatrice de personnes en situation de précarité
MISSION
  • Association diaconale Marhaban
  • Mon service s’adresse aux adultes, jeunes et parfois aux enfants

Nombreuses sont les expériences que je vis actuellement. À tel point que quelques mots ne pourront tout vous résumer. Mais j’essaye quand même, en commençant par le fabuleux vernissage de l’exposition « Les repas dans la Bible », qui m’a appris que la nourriture est un sujet important dans la Bible, tout autant que de nos jours. Elle a une place importante dans la vie de l’être humain, les repas permettent de nous réunir et d’échanger… Donc parler à table n’est pas si mauvais, comme le montre la culture française qui voit beaucoup de décisions sur des choses essentielles prises en mangeant. Ceci étant dit, cela a été prétexte à toute une série d’activités autour de ce thème pendant tout l’été, qui m’ont émerveillée :

  • la salade d’histoires : on y partageait des contes et histoires bibliques ou autres lors de repas suivis d’une salade de fruits. Ces rencontres étaient ouvertes à tous, y compris aux enfants.
  • le mardi marinade : d’abord, baignade à la plage, puis pique-nique au parc avec les familles. La dernière séance s’est terminée par un simple goûter, pour cause de mistral.
  • Tapas ta Bible : un moment de convivialité et de partage biblique autour d’un apéro.
  • « les recettes de nos vies » : les participants échangeant des recettes, avec l’idée de rédiger un livre de cuisine dans lequel chacun partagerait des types de repas chers à son cœur.
  • le ciné gourmand : un moment de relaxation devant un film tout en grignotant.

Activité de cuisine participative organisée en collaboration avec l’équipe de Marhaban © Believe pour Défap

Teser, l’équipe battante de Marseille-Grignan, en plus d’avoir organisé toutes ces activités citées ci-dessus, a aussi préparé un cocktail pour dire au revoir à une collègue juste avant le vernissage avec l’appui du conseil presbytéral car elle a soutenu ce projet avec toutes ses compétences, et je reconnais avoir appris pas mal de choses en sa compagnie le peu de temps que j’ai passé avec elle. Ce projet vise à travailler sur quatre axes différents, à savoir : l’écoute active des membres et partenaires de l’Église en discernant bien sûr des activités qu’on peut faire ensemble et parler de Dieu ; attirer les gens vers la parole, créer un réseau chrétien avec nos frères et sœurs d’autres Églises permettant d’unir nos moyens et de faire de l’accueil tout en accompagnant les gens en situation difficile. Je n’aurais pas demandé mieux comme Église pour vraiment témoigner de ma foi et servir mon prochain comme Jésus-Christ nous l’a montré. Un conseil presbytéral élargi a suivi, et étant invitée, je dirai que ça fait plaisir de voir comment ils savent qu’ensemble nous pouvons aller loin en tenant compte aussi des idées de chacun ; d’où la pertinence de l’élargissement, car d’autres personnes membres et partenaires de l’Église ont pris part à cette initiative pour discuter de l’avenir de la paroisse. Les différents concerts au temple étaient ouverts à tous car la musique permettait vraiment de se détendre et se ressourcer.

Les activités d’été : cuisine participative, sorties…

Believe lors d’une distribution alimentaire © Believe pour Défap

Marhaban, malgré les vacances n’a pas laissé son public sans accompagnement. D’où toutes ces activités d’été bien vécues avec Teser, mais aussi une cuisine participative qui regroupait des gens de différentes cultures pour préparer et manger ensemble des plats français ou venus d’autres pays. Sans oublier les différentes sorties organisées en interne, comme les visites à la ferme, à l’Opéra, au musée ; des séances de jeux ; et puis, évidemment celles faites avec d’autres associations… surtout avec l’arrivée des scouts aînés de Batignolles, qui ont renforcé l’équipe dans pas mal d’activités pour que les familles ne manquent de rien pendant l’été en termes de provisions alimentaires. Je profite pour partager avec vous ma joie des petites collations de fin d’année célébrées dans les différentes classes de français et d’anglais avec les apprenants et les cadeaux obtenus.

Le « café club » (une activité organisée chaque vendredi soir, y compris en-dehors de l’été, où les étrangers, étudiants ou non, se retrouvent pour partager des moments formidables) m’a aussi permis de rencontrer de nouvelles personnes, en plus des jeunes de mon âge, et de communiquer autour de beaucoup de choses.

Par ailleurs, la fête nationale était une journée extraordinaire. J’ai suivi le défilé sur les Champs-Élysées à la télévision accompagnée de mon tuteur, qui répondait à mes questions. Le soir, autre défilé à Marseille, sur le Vieux-Port ; et pour terminer en beauté, le feu d’artifice. C’était le premier de ma vie : chez moi au Togo, plus précisément à Lomé, on lance des pétards pendant Noël jusqu’au début de chaque nouvelle année. Je ne connaissais pas la différence avec un « vrai » feu d’artifice et j’ai trouvé ça magnifique. J’ai aussi pris quelques jours de vacances pour faire un tour sur certains sites touristiques de Marseille, Toulon, Lille, Roubaix et Calais, jusqu’en Belgique. En bref, je dirai que j’ai passé un excellent été, meilleur que ce que je pouvais imaginer ; et plus les mois de mon service civique avancent, plus je me rends compte de ces temps formidables que je passe avec toutes ces belles personnes qui forment une famille incroyable, que je suis heureuse de connaître ou d’avoir rencontrées, et qui en retour m’aident énormément à grandir dans tous les aspects de ma vie.

Believe (au centre) lors d’une braderie organisée au Parvis du protestantisme, à Marseille : un lieu appartenant au temple de la rue Grignan et accueillant les événements organisés par la paroisse, et par l’association Marhaban© Believe pour Défap

Pour conclure, la rentrée s’annonce à merveille avec la braderie où Marhaban fera découvrir les travaux réalisés par le groupe « couture » de l’association, à travers les articles transformés ou créés à la main, et vendus à petits prix afin que le bénéfice aide à soutenir d’autres projets ou permette de faire des sorties pour les adhérentes qui ne sont jamais allées hors de Marseille. C’est aussi une occasion de porter la parole du Seigneur à autrui par le témoignage et le service à Grignan, en ouvrant le temple au public.

Comme vous pouvez le constater je suis en pleine forme et vis cette opportunité comme jamais avec tout ce que j’apprends. Une fois encore, merci à tous ceux qui nous permettent de trouver notre place en tant que jeune engagé dans l’Église, et aussi dans la société.

Believe (au premier rang) lors de la visite d’Anne-Sophie Macor, du Défap, à Marseille © Believe pour Défap

 




AG de la Cevaa : «Les questions écologiques ne doivent pas rester l’apanage de quelques chrétiens engagés»

À l’occasion du culte d’ouverture de la 12e Assemblée Générale de la Cevaa, son Président, le pasteur Michel LOBO, est revenu sur les conditions de la naissance de la Communauté, issue en même temps que le Défap de la mue de la SMEP, et sur l’esprit qui unit encore aujourd’hui ses 35 Églises. Il a aussi mis en avant les principaux défis qui se posent à elle, au premier rang desquels il place l’urgence climatique – un des thèmes prioritaires du Défap et de ses Églises membres.

Claudia SCHULZ, Secrétaire générale de la Cevaa et le Président de la Communauté, Michel LOBO lors du culte d’ouverture à Jacqueville © Cécile Richter pour la Cevaa

Suivez l’AG de Côte d’Ivoire sur le site de la Cevaa

« Monsieur le Président de l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire, Bishop Benjamin BONI ;
Distinguées Autorités Politique, Administrative, Militaire ; Religieuse et Coutumière du pays et de la région ;
Madame la Secrétaire Générale de la Cevaa;
Chers Partenaires venus de France, Suisse, Allemagne, Corée du Sud, Kenya ;
Chers membres du Conseil Exécutif ;
Chers membres du Secrétariat ;
Chers Délégués de l’Assemblée Générale ;
Mesdames et Messieurs les invités ;
Bien-aimés ;

La grâce et la paix de Dieu vous soient multipliées au nom du Seigneur et Sauveur.

« Deux hommes marchent-ils ensemble sans s’être concertés ? » Amos 3 : 3. C’est par la première des sept questions rhétoriques relatives à des certitudes de la nature posées par l’Éternel pour démontrer que rien ne pouvait arriver à Israël en dehors de sa volonté souveraine, que nous voudrions faire monter vers le Tout-Autre, le Dieu créateur du monde, notre accent reconnaissant, Lui, qui rend possible cette rencontre.

Par pure grâce de Dieu, il nous échoit la responsabilité de prendre la parole en notre qualité de Président de la Cevaa, mandaté par les délégués de l’Assemblée Générale d’Octobre 2021 à Montpellier pour saluer avec déférence les autorités du pays avec à la tête son Excellence le Président Alassane OUATTARA, qui ont accepté de nous ouvrir la porte d’entrée de la Côte d’Ivoire, le pays de l’hospitalité et la terre de l’Espérance.

Les délégués à la 12e Assemblée générale de la Cevaa lors du culte d’ouverture le 16 octobre 2023 © Cécile Richter pour la Cevaa

Saluer avec respect les autorités de la Région de Jacqueville qui nous accueillent en ces lieux propices à la réflexion et qui, à la fin de la cérémonie, veulent nous donner le sens de l’hospitalité en Côte d’Ivoire. Nous saluons en terme de profonde gratitude l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire avec à sa tête le Président Bishop Benjamin BONI, qui, à la demande de la Cevaa d’organiser cette Assemblée Générale nous a dit : « C’est une affaire de famille, c’est notre affaire à tous, venez, vos frères et sœurs vous attendent ».

Monsieur le Président, Infiniment merci nous nous sentons réellement en famille.

Nous saluons toutes et tous les bien-aimés pour votre présence qualitative et quantitative qui donne un cachet particulier à cette cérémonie d’ouverture de la 12eme Assemblée Générale de la Cevaa ; ce qui nous donne d’espérer en des lendemains meilleurs pour notre communauté au sortir de ces assises.

Distinguées autorités tout protocole respecté, Mesdames et Messieurs, la Cevaa c’est quoi. Que fait-elle ?

En effet, à l’Assemblée Générale de la Société des Missions Évangéliques de Paris en 1964, le Pasteur Jean KOTTO, Président de l’Église Évangélique du Cameroun (le Sud considérée comme Église fille), prêchant sur le texte d’Esaïe 54, versets 2 à 4, apostrophe directement le Président Marc Boegner (le Nord considérée comme Église Mère): et nous citons « Le Seigneur lui-même sait, si par la puissance de son Saint Esprit, à travers cette action missionnaire commune, au moment où il le faudra, Il nous rassemblera en une communauté nouvelle, intercontinentale, supranationale et multiraciale… » fin de citation et il poursuit, nous citons « Monsieur le Président, élargis l’espace de ta tente, déploie les couvertures de ta demeure, tu te répandras à droite et à gauche, ta postérité envahira des nations ; ne crains pas car tu ne seras pas confondu(e)’.» fin de citation.

Les fiançailles inspirées par le Saint Esprit entre les Églises dites mères et celles dites filles venaient de voir le jour. Dans l’attente de l’enfant qui va naitre, de 1967 à 1969, deux Actions Apostoliques communes voient le jour au Dahomey (Benin) en milieu Fon et dans le Poitou (France).

En Octobre 1971, ces Églises protestantes de divers continents, réunies à Paris, décident de constituer la Communauté Évangélique d’Action Apostolique Cevaa. Ainsi, le 30 octobre 1971 est née la fille appelée Cevaa, devenue aujourd’hui dame Cevaa.

De gauche à droite : les pasteurs Marcel TATA, Martin BURKHARD, Claudia SCHULZ, Michel LOBO et le Président de l’EMU-CI Benjamin BONI © Cécile Richter pour la Cevaa

La Cevaa est née dans l’esprit de l’Église primitive décrite dans le livre des Actes des Apôtres, en vue de susciter une autre forme d’être Église par le dynamisme des communautés ecclésiales croyantes, priantes, unies et mettant ensemble leurs moyens, leurs talents et leurs atouts au service de la mission pour la transformation du monde : une utopie ! D’ailleurs, le philosophe et théologien Paul Ricoeur disait qu’il fallait entendre l’utopie, non comme une illusion, mais comme un horizon. Ce grand rêve de changer le monde par le témoignage chrétien commun en paroles, en actions et par les actes entre Églises du Nord et celles du Sud est placé sous le triptyque : Partager, Agir, Témoigner.

D’année en année, la communauté Cevaa se sent la responsabilité d’explorer, de concevoir et de proposer des orientations de la formation de l’esprit avec des thématiques communes vécues à des degrés divers par toutes ses Églises membres.

Aujourd’hui, la vision dynamique et réaliste des pères fondateurs de notre Communauté, leur sens profond de l’universalité du corps de Christ, nous donnent de compter 35 Églises et Union d’Églises, membres dans 24 pays en Europe, en Afrique, en Amérique latine, dans l’Océan indien et dans le Pacifique. Ainsi, après un peu plus de 50 années, la collaboration, l’écoute mutuelle et la mise en question sont pour nous plus que nécessaires et appelées à être perpétuées pour « maintenir la flamme ». Les défis dans leurs différents contextes appellent à des réflexions continues et même à des actions par l’animation théologique, l’échange de personnes, la bonne gouvernance, la santé, la rigueur financière, la démocratie, l’évangélisation, la stratégie jeunesse, les programmes missionnaires, les actions communes, la communication…

Dans la perpétuation de notre thèse de transformation, notre présence ici en terre ivoirienne est pour nous l’occasion idoine pour affirmer que nous sommes des responsables dont la mutualisation de la foi authentique, appelle à exercer une influence chrétienne sur la société, et à la transformer en nous fondant sur des valeurs et des principes bibliques. Dans les domaines tels que l’éducation, la santé, le développement, l’environnement, etc… notre désir de servir doit rencontrer la responsabilité de nos différents États en veillant au bien-être de nos concitoyens.

Les délégués durant la première session de travail, dans l’après-midi suivant le culte d’ouverture de l’AG © Cécile Richter pour la Cevaa

Pour notre Communauté, « Maintenir la Flamme » veut dire, prendre soin de la création en n’ignorant plus ce qui se passe autour de nous. Comme Noé dans la Bible au temps du déluge, nous avons alors l’obligation de sauver toutes les créatures menacées d’extinction en répondant favorablement aux problèmes de la pollution, du changement climatique, de la pêche intensive… à soutenir les politiques pour la protection de notre environnement et l’utilisation efficiente des ressources naturelles à travers le financement de projets fiables. C’est ainsi que nous confirmons que le développement matériel n’est pas un frein pour une vie spirituelle saine. En effet, dans sa Mission d’éveilleuse de conscience, notre Communauté s’est appropriée la thématique qui émerge de plus en plus, et qui occupe désormais la place centrale tant au plan sociétal que scientifique : « la Gestion de notre environnement et sa finalité ». D’où le thème de notre Assemblée Générale : « Habiter Autrement la Création »Cf. Genèse 2 : 15. C’est pour nous l’occasion de confirmer que nous sommes dans un monde où la fertilité de nos sols et les services écosystémiques sont de plus en plus compromis. La plupart de nos populations vivant dans les zones rurales subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Les écosystèmes et la biodiversité dont elles dépendent sont de plus en plus dégradés ; l’accès aux terres cultivables et leur qualité diminuent ; les ressources forestières sont plus que jamais limitées et détériorées ; l’agriculture paysanne non irriguée prédomine et l’eau se fait plus rare et par endroit elle est polluée. La tendance à long terme des prix de l’énergie et des intrants agricoles est haussière ; enfin, le déclin de nos ressources halieutiques et marines nous prive de plus en plus de revenus et d’aliments essentiels. Ce triste tableau, au lieu de nous tétaniser pour nous pousser à l’inaction, nous persuade au contraire à admettre que la gestion durable de notre environnement et de nos ressources naturelles est essentielle à la réduction de la pauvreté dans ces zones rurales. Ce qui nous invite à agir afin que nos populations qui y vivent, résolvent l’ensemble imbriqué de ces problèmes. Nous dirions même que nous n’avons pas le choix que de faire un choix, si nous voulons autrement habiter la création. Soit nous vivons en prenant soin de la création tout en renonçant à certaines pratiques dégradantes de l’environnement. Soit nous dégradons la terre en nous détruisant nous-mêmes et alors nous périssons sans la terre. La destruction de l’environnement équivaut à la destruction de l’homme lui-même. Vous avez donc ici, des délégués qui veulent être accompagnés par vos prières ferventes, afin que cette Assemblée Générale favorise une Cevaa offrant à notre humanité de plus en plus d’acteurs transposant à plus grande échelle, des approches ruralistes et paysagistes pour réduire la pauvreté, renforcer la capacité d’adaptation, augmenter la sécurité alimentaire, diminuer les émissions de gaz à effet de serre et surtout favoriser la protection de notre environnement (qui à l’origine, est celui de notre liberté, de notre respiration, de notre apaisement, de notre bonheur).

Les questions écologiques ne doivent pas rester l’apanage de quelques chrétiens engagés seulement ; mais elles nous concernent et nous engagent toutes et tous.

Distinguées autorités, auguste Assemblée, avec Martin Luther, nous voulons à la Cevaa continuer d’affirmer avec véhémence que « l’Écriture Sainte ne contient pas, comme les gens le pensent, des mots à lire, mais des mots à vivre, qui ne nous sont pas donnés en vue de la spéculation ou de l’imagination, mais en vue de la vie et de l’action ». C’est pourquoi avec vous, en plus de nos réflexions bibliques et théologiques, nous souhaiterions mener une action concrète dans l’esprit du thème « Habiter Autrement la Création » au lieu qui nous sera indiqué afin qu’au sortir de cette Assemblée générale, la Côte d’Ivoire soit le point de départ d’une action commune qui, ira de partout vers partout.

Pour y parvenir, demeurons donc dans la mutualisation de nos efforts puisés dans le Seigneur Dieu, Auteur de la Création, qui, par sa mystérieuse présence nous aidera à valoriser notre double citoyenneté (terrestre et céleste) et à tendre vers l’environnement des origines de notre histoire, de nos activités, de nos affections, de nos espoirs, celui de notre liberté, de notre respiration, de notre apaisement, de notre foi et de notre prière.

Que Dieu bénisse le monde, sa création.
Qu’Il bénisse nos pays et nos Églises.
Qu’Il bénisse la Cevaa, la Côte d’Ivoire et l’EMUCI.
Qu’Il bénisse notre Assemblée Générale et vous toutes et tous qui la soutenez.

Je vous remercie de m’avoir écouté !

Pasteur Michel LOBO
Président de la Cevaa

Le Président de l’Église Méthodiste du Togo, Godson Téyi LAWSON KPAVUVU © Cécile Richter pour la Cevaa

« Nous devrons intégrer la gouvernance dans notre approche »
Au cours de la première séance de travail en plénière, dans l’après-midi suivant le culte d’ouverture, le Président de l’Église Méthodiste du Togo, Godson Téyi LAWSON KPAVUVU, est intervenu sur le choix du thème de l’Assemblée générale, approfondissant le verset de Genèse 1, 28.
« Dominer (kabash), soumettre (radah), ces deux verbes nous mettent en face d’une réalité qui dit que les grands commentateurs de la Bible étaient des hommes, et qu’ils n’ont apporté qu’une approche masculine. J’aimerais ce soir que chacun et chacune repense les termes hébreux traduits par faire violence, soumettre et que nous abondions en comprenant les termes en intégrant la valeur de garder, de contenir, de maîtriser, de gouverner. Ainsi donc nous sommes appelés à garder, à contenir et à gouverner. Gouverner, c’est aussi définir les règles de la gouvernance. Au sortir de cette Assemblée Générale, nous devrons intégrer la gouvernance dans notre approche. Que le Seigneur nous accompagne. »



La sauvegarde de la création, thème de l’AG de la Cevaa en Côte d’Ivoire

La Communauté d’Églises en mission se réunit du 16 au 22 octobre en Assemblée générale à Jacqueville. Pour cette 12ème AG (la première à se tenir en présentiel depuis 5 ans), elle est accueillie par l’EMU-CI (Église Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire). Cette année, le thème retenu est « Habiter autrement la Création ».

L’affiche de la 12ème AG de la Cevaa © Cevaa

Après une onzième Assemblée générale retardée d’un an et finalement tenue en « distanciel », Covid oblige, retour aux rencontres en « présentiel » : la douzième AG de la Cevaa se tient du 16 au 22 octobre 2023 en Côte d’Ivoire. Pour les instances de la Cevaa qui avaient été renouvelées en octobre 2021, et notamment pour sa Secrétaire générale, Claudia Schulz, il s’agit donc de la première occasion de rencontrer tous les délégués des Églises membres en un même lieu. Le Défap y est représenté par son Secrétaire général, Basile Zouma.

La Cevaa, c’est un peu, par certains côtés, l’institution jumelle du Défap, puisque ces deux organisations issues de la Société des Missions Évangéliques de Paris (SMEP) sont nées en même temps, en 1971. Avec des objectifs similaires : entretenir des relations de partenariat entre Églises du Nord et du Sud, afin qu’elles puissent se soutenir les unes les autres dans leurs activités missionnaires. Mais la Cevaa est aussi beaucoup plus que cela : si le Défap est le service missionnaire de trois unions d’Églises protestantes françaises (l’EPUdF, l’UEPAL et l’Unepref), la Cevaa est une Communauté rassemblant 35 Églises dans le monde. Principalement en Afrique et en Europe, mais aussi dans l’Océan Indien, dans le Pacifique et en Amérique latine. Et c’est au sein de la Cevaa que se développent la plus grande partie des relations établies par le Défap.

« Habiter autrement la création » : un thème qui reflète des préoccupations environnementales croissantes au sein des Églises

Votes pour les membres du Conseil lors de l’Assemblée Générale de Sète, France (octobre 2016) © Cevaa

Plutôt une réunion de famille qu’une réunion de l’Onu : une Assemblée Générale de la Cevaa, ce n’est pas seulement un grand rassemblement de délégués de 35 Églises qui débattent des orientations des années à venir, c’est avant tout une communauté de partage, où l’accent est mis sur ce qui se vit ensemble. La liste des membres illustre ce parti-pris qui distingue la Cevaa de grandes organisations œcuméniques internationales : 345 pour le Conseil Œcuménique des Églises (COE) ; dix fois moins pour la Communauté d’Églises en Mission, mais répartis sur 24 pays, avec la volonté affichée de garder des liens dans une communauté à taille humaine.

Les AG se tiennent tous les deux ans, accueillies alternativement par une Église d’Europe et par une Église d’un pays du Sud. S’y retrouvent, pendant quelques jours, tous les délégués représentant les Églises membres, qui sont nommés pour quatre ans. Ensemble, ils ont pour tâche d’évaluer les besoins de la Communauté, d’élaborer une stratégie, de prendre les décisions définissant la politique à mettre en œuvre, de voter le budget. À chaque renouvellement, ils désignent parmi eux ceux qui feront partie du Conseil Exécutif. Sachant qu’au-delà de l’aspect formel, des plénières et des décisions à prendre, de telles réunions sont aussi l’occasion de rencontrer l’Église d’accueil : en l’occurrence, l’Église Méthodiste Unie – Côte d’Ivoire, dont est issu l’actuel président de la Cevaa, le Pasteur Michel Lobo. Les délégués présents lors d’une AG ont ainsi régulièrement l’occasion de participer à des cultes organisés dans diverses paroisses locales. Et une AG de la Cevaa, c’est aussi, entre deux sessions, ces rencontres informelles entre représentants d’Églises de divers continents. Ou encore ces temps de méditation matinale par petits groupes…

Selon une pratique bien établie au sein de la Cevaa, chaque Assemblée Générale a un thème spécifique, choisi sur proposition du Secrétariat, qui lui donne sa coloration propre. Il peut s’agir d’un verset, ou d’une thématique liée à des préoccupations concernant largement les Églises. Lors de l’AG de Douala, la dernière à s’être tenue en présentiel, le Secrétariat avait proposé de réfléchir sur les questions du radicalisme, de l’intolérance religieuse, à travers le thème : « Le chrétien et l’intolérance religieuse », ce qui avait donné lieu à de nombreux travaux de groupes et débats en plénière. Pour cette douzième AG en Côte d’Ivoire, le thème choisi est : « Habiter autrement la création ». Il s’appuie sur le verset de Genèse 2,15 : « L’Eternel Dieu prit l’homme, et le plaça dans le jardin d’Eden pour le cultiver et pour le garder ». Un thème qui témoigne des préoccupations croissantes portées à la sauvegarde de la création dans les Églises : plusieurs de celles qui font partie de la Cevaa se situent dans des pays déjà largement frappés par les effets du changement climatique.

Travaux de groupes lors de la séance d’animation sur le thème de la dixième Assemblée Générale de la Cevaa à Douala, Cameroun (octobre 2018) © Cevaa