«Tout est vanité» à l’heure des réseaux sociaux ?

Méditation par le pasteur Christian Seytre, président de la Communauté des Églises protestantes francophones, sur les premiers versets du chapitre 5 de l’Ecclésiaste.

© geralt – Pixabay

 

« Prends garde à ton pied, lorsque tu entres dans la maison de Dieu ; approche-toi pour écouter, plutôt que pour offrir le sacrifice des insensés, car ils ne savent pas qu’ils font mal. Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses. Car, si les songes naissent de la multitude des occupations, la voix de l’insensé se fait entendre dans la multitude des paroles ».
Ecclésiaste 5. 1-3

 

 

Ce texte nous exhorte à être prudents dans nos prières ; on peut si facilement faire des promesses à Dieu et ne pas être en mesure de les tenir.

On peut aussi multiplier les vaines paroles, en espérant que leur nombre produira de l’efficacité. Avant d’enseigner le « Notre Père » à ses disciples, Jésus leur a fait une recommandation et une promesse : « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez ». (Matthieu 6. 7-8).

Ce texte est donc un guide pour notre relation avec Dieu ; mais il peut être intéressant de l’appliquer à notre relation avec notre prochain, qui a été créé à l’image de Dieu.

❝ La relation à l’autre est fragile

Il y a d’abord une mise en garde « prends garde à ton pied » ; la relation à l’autre est fragile. Il faut être prudent. On peut si facilement faire du mal sans s’en rendre compte, et se conduire comme un insensé.

Ensuite, il faut écouter. Il faut beaucoup plus d’énergie pour écouter que pour parler : se forcer à ne pas réagir, gérer la multitude des pensées qui nous assaillent et nous distraient ; nous centrer sur ce que l’autre exprime, ce qu’il dit, et peut-être ce qu’il ne dit pas.

Ce message de l’Ecclésiaste revêt un caractère particulier à l’époque des réseaux sociaux.

On nous a appris à l’école à écrire des rédactions, à faire des analyses de textes, à rédiger des dissertations. Il fallait réfléchir avant d’écrire ou de parler, et structurer sa pensée. Mais ça, c’était avant !

Nous assistons depuis quelques années à un déferlement de hevel, mot hébreux qui signifie fumée ou buée, et qui est souvent traduit par « vanité » au début de l’Ecclésiaste (le fameux « vanité des vanités, tout est vanité »).

❝ Dans le silence et l’écoute…

Les réseaux sociaux sont le monde du hevel ; la vanité de la parole creuse ; l’inconsistance de la buée (qui disparaît au moindre rayon de soleil) ; le brouillard de la fumée et son enfumage permanent.

« Je twitte, donc je suis », se dit l’internaute. Il ne connaît rien, mais a un avis sur tout. Il ne sait pas débattre, alors il insulte. Il est incapable de gérer sa frustration, alors il menace ou il harcèle.

Derrière son écran, et souvent de façon anonyme, il se croit le maître du monde, alors qu’il n’est qu’un insensé.

Dans ce tohu-bohu de la fausse communication, avec des réseaux sociaux devenus asociaux, il est important pour le croyant de se mettre à l’écoute de son Dieu. Nous avons une bonne nouvelle à annoncer. C’est dans le silence et l’écoute que nous serons équipés pour le faire.

Nous pourrons ensuite aller vers le prochain, non pour le noyer de paroles, mais pour l’écouter et partager avec lui le cœur de notre foi : Jésus-Christ, fils de Dieu sauveur.

 

Prière

Seigneur, dans le brouhaha de ce monde, aide-nous à être des témoins, qui ne prononcent pas de vaines paroles, mais qui commencent par écouter, toi d’abord, et ensuite le prochain que tu mets sur notre chemin.




Les Jeudis du Défap, 1ère session : la mission inversée ?

Retrouvez le replay du premier des « Jeudis du Défap », webinaires organisés avec des spécialistes de la mission aujourd’hui, chercheurs et professeurs. Cette première session avait pour thématique : « La mission inversée ? Peut-on véritablement parler de mission du Sud vers le Nord ? » Avec comme Intervenants Adrien Franck Mougoué et Corinne Valasik.


Le premier des « Jeudis du Défap » , anciennement « Jeudis de la mission » , s’est tenu le 4 avril 2024. Ce changement de nom pour dire que le Défap se présente comme un lieu identifié de la réflexion missiologique contemporaine. Cette première rencontre était intitulée : « La mission inversée ? Peut-on véritablement parler de mission du Sud vers le Nord ?« .

Pour répondre à ces questions, le Défap avait réuni :

  • Corinne Valasik, maîtresse de conférences en sociologie à l’Institut Catholique de Paris, membre du Groupe Sociétés, Religions et Laïcité au CNRS/EPHE, Doyenne honoraire de la Faculté de Sciences Sociales et Économiques. Ses travaux actuels portent sur les migrations religieuses en France et notamment le cas spécifique des prêtres africains en France. Le but étant de comprendre comment ils analysent leur trajectoire et comment celle-ci est perçue par les catholiques en France. Ces croisements permettront de faire émerger des enjeux de réflexion qui dépassent ce cadre particulier.
  • Adrien Franck Mougoué, Doctorant en Histoire de Religions, Département d’Histoire, Université de Douala (Cameroun). Il est en séjour d’études à l’Institut protestant de théologie (IPT), Faculté de Montpellier, dans le cadre d’une bourse du Défap. Ses travaux de recherche en cours portent sur l’implantation en Europe (France, Suisse et Belgique) de communautés chrétiennes issues de l’immigration, plus précisément celles de l’Église presbytérienne camerounaise (EPC), sur une période allant de 1989 à 2018. À travers les activités évangélisatrices de ces congrégations et à travers le discours théologique qui les accompagne, il cherche à montrer comment le presbytérianisme camerounais a essaimé en francophonie, et à comprendre si l’on peut voir cette émergence comme une forme de « mission inversée » ou non.

 



Dans les Églises de France, aussi bien protestantes que catholiques romaines, il y a des pasteurs et des prêtres. Dans le catholicisme romain il y a des prêtres venus d’ailleurs, Fidei donum ou étudiants. Dans les Églises protestantes de France il y a des pasteurs venant d’une autre Église étrangère. Il y a aussi, et surtout dans le protestantisme, des implantations d’Églises issues de l’immigration.

Cependant, peut-on voir dans ces phénomènes un mouvement missionnaire inversé, des anciens pays de la mission vers la France devenue terre de mission ?

Dans le cas du catholicisme, les missionnés sont-ils des missionnaires en France au XXIe siècle ? Est-ce que les 2000 PVA, les « prêtres venant d’ailleurs » ou « prêtres Fidei donum », constituent un corps missionnaire organisé aujourd’hui ?

Dans le cas du protestantisme, l’implantation de communautés de l’Église presbytérienne camerounaise constitue-t-elle un mouvement missionnaire vers la France, la Suisse et la Belgique ?

Ces mouvements suscitent encore d’autres questions ; dans ses travaux, Corinne Valasik s’interroge à propos de l’Église catholique : « Comment intégrer les mémoires de la colonisation et de la mission pour ses prêtres ? » Adrien Franck Mougoué se demande pour sa part, côté protestant : « Comment penser le futur des Églises transnationales et le phénomène migratoire ? »

Une bibliographie établie par le service Bibliothèque et documentation du Défap complète ce premier webinaire. Vous pouvez la retrouver ci-dessous.




AG du Défap : le message du Secrétaire général

Dans son discours prononcé à l’ouverture de l’Assemblée générale 2024 du Défap, le Secrétaire général Basile Zouma a voulu exprimer « une reconnaissance, celle de vivre l’action du Défap comme un don de Dieu, un cadeau des Églises membres pour la société ».

Discours du secrétaire général du Défap © Défap

Introduction

À l’AG de l’année dernière, je terminais mon propos avec ces mots disant que : « Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite » tout en invitant à définir ensemble le contenu de ce travail à faire ensemble pour le compte de l’Évangile que l’Église sert, directement ou à travers des lieux comme le Défap, la Cevaa…

Cette année, notre AG est spéciale du fait qu’elle intègre un temps de travail ensemble dans l’après-midi, temps de consultation pour nous permettre d’entendre ici ce qui se dit ailleurs. Il faut croire et espérer que nous nous sommes engagés sur la voie de la réussite, celle de parvenir à définir ensemble un mandat pour l’organisation en assumant les implications de celui-ci. L’équipe mise en place pour piloter ce temps d’échange, composée de François Fouchier et de Dominique Calla, nous en dira plus le moment venu.

Mais en attendant, je souhaite vous faire ici état des actions et des réflexions qui ont été les nôtres en cette année 2023. Le rapport d’activité que vous avez reçu et dont une courte présentation vous sera faite par l’équipe des SE, est un reflet de ces actions et réflexions, un regard sur ce qui s’est passé pour aider à envisager ce qui est à venir. Mais pour donner un meilleur visage à cet avenir, il nous faut accepter de ne pas faire de ce passé « un lieu de résidence mais un point de référence », un tremplin pour avancer au cœur des défis de chaque instant. Convictions et actions 2021-2025 est le cadre actuel de notre action en attendant donc d’en définir ensemble un nouveau une fois ce dernier arrivé à échéance.

Un cadeau des Églises membres

Ces convictions nous permettent d’affirmer une reconnaissance, celle de vivre l’action du Défap comme un don de Dieu, un cadeau des Églises membres pour la société au sein de laquelle elles ne peuvent faire l’économie d’une présence réelle et active. Depuis Karl Barth (1886-1968), l’interpellation demeure ; « …Existe-t-il un service de Dieu qui puisse ne pas prendre aussitôt la forme d’un service au sein du monde et auprès des hommes ? […] Que serait donc un Dieu auquel des êtres célestes ou terrestres pourraient se consacrer, ne serait-ce qu’un instant, dans une telle abstraction, c’est-à-dire sans être du même coup ses envoyés, ses diacres ? Serait-il encore le Dieu de l’alliance, le Dieu de Jésus-Christ ? » (Doctrine de la création, paragraphe 51).

Un cadeau géré dans un lieu par une équipe

• Une équipe
Une reconnaissance aux permanents du Défap dont une partie est mobilisée aujourd’hui pour l’accueil et l’intendance de cette AG. Pour mettre en œuvre un programme, il faut bien l’engagement d’une équipe de femmes et d’hommes (qui n’ont pas toujours compté leurs heures) et un lieu.
Cette équipe a vu des départs et des arrivées. Et je saisis l’occasion pour remercier Éline Ouvry qui après environ 3 années au Défap, a rejoint sa Normandie natale pour raisons familiales ; son compagnon cuisinier, ayant trouvé là-bas du travail. Nous avons eu la joie d’accueillir de nouveaux arrivants ; le pasteur Jean-Pierre Anzala en juillet 2023 comme chargé de l’Échange théologique et madame Raphaela Tatchoua comme chargée de communication ; le rapport d’activité que vous avez entre les mains porte les couleurs de son art.

Vue de l’Assemblée générale du Défap © Défap

• Un lieu
La « Maison Défap » au 102 boulevard Arago constitue un espace essentiel pour notre dispositif et est identifiée comme telle par la plupart de nos partenaires. Que ce soit par l’accueil quotidien de responsables d’Églises de tous horizons, par la location de salles à des Églises d’ici et de là-bas, par l’ouverture de la bibliothèque, par l’accueil de groupes comme les vicaires de l’Uepal, les Masters Église et société de l’EPUdF, par la formation de nos envoyés ou par des événements comme l’Assemblée Générale de la CEPF (ex. Ceeefe), par les rencontres avec des partenaires, tout cela participe aux tissages de liens entre Églises d’ici et d’ailleurs et permet à notre réseau de s’élargir et d’enrichir la fraternité ecclésiale transfrontalière.

L’éthique d’une action

Ce titre m’est venu à l’esprit comme une réaction devant un fréquent procès en paternalisme, en néocolonialisme et en infantilisation du partenaire et de l’autre. Il y a du fait de l’histoire, des lieux où les liens sont privilégiés et les proximités plus grandes qu’ailleurs, cela est un gain et permet de revisiter sans cesse les modalités de nos relations.

L’action actuelle du Défap déclinée dans son programme de travail met en avant une attention particulière sur le défi interculturel, l’égalité de genre et le respect de l’environnement ainsi qu’un soutien au lien de fraternité inter-ecclésiale transfrontalière. Trois piliers portent cette action ; la rencontre, la relation et la réflexion.

L’éthique de notre action, c’est d’être présents auprès de partenaires qui se prennent déjà eux-mêmes en charge tout en se posant la saine question de savoir avec qui le continuer quand nous avons nous-mêmes pris conscience de nos limites. Et ces limites ne sont pas que celles des autres mais aussi les nôtres, Églises d’ici, pour avoir l’humilité de se poser la question de savoir ce que cet autre peut m’apporter et m’apporte déjà ; des vocations nouvelles (les pasteurs là-bas, ici), des communautés riches d’une réelle et riche diversité, un enrichissement par des nouvelles formes d’expression de la foi… Il s’agit donc de se rencontrer pour faire Église ensemble par-delà les frontières dans une égalité évangélique et fraternelle.

Une riche collaboration

Cette présence au monde ne se fait pas seuls mais à travers une riche collaboration dans un réseau associatif extrêmement diversifié et avec les instances gouvernementales qui lui renouvellent leur confiance dans les agréments accordés. La collaboration particulière avec la Cevaa est à noter, et je tiens ici à remercier sa Secrétaire générale pour le maintien d’une dynamique positive entre nos deux institutions. Avec DM nous travaillons dans une mutualisation de nos actions en vue d’une présence plus efficace auprès de nos partenaires…

Perspectives 2024

Ce que nous faisons et devons continuer à faire
Sur les questions d’interculturalité, le Défap devra continuer à accompagner le difficile dialogue au sein d’Églises de plus en plus multiculturelles et entre Églises de plus en plus diverses. Comme le rappellent ses convictions suivantes : « Nous croyons que la diversité des cultures est une richesse de la création de Dieu. »

Son cœur de métier étant de mettre en relation, le Défap devra continuer à favoriser les échanges de personnes et le volontariat avec un accent sur la réciprocité, les rencontres entre Églises et entre cultures dans la perspective du développement des rendez-vous avec des témoins : envoyés de retour de mission, congés-recherches en France, enseignants en mobilité croisée…

Il continuera à favoriser la mobilité croisée des étudiants en théologie entre facultés, en offrant des bourses d’étude dans des instituts tels Al Mowafaqa (l’expérience d’une immersion œcuménique et interculturelle), mais aussi en accompagnant la volonté des institutions de formation, annoncée lors du colloque Cevaa sur la théologie interculturelle en septembre 2023, de créer un passeport théologique en vue d’une reconnaissance mutuelle de certains crédits. Le soutien à la formation des femmes, jeunes et moins jeunes, et l’accompagnement de leur intégration restera dans ses priorités.

Les Églises se sont saisies de la question environnementale, aux côtés de nombreux mouvements citoyens. Le Défap s’inscrit dans ce mouvement en lien avec des partenaires ecclésiaux engagés dans cette cause ainsi qu’en accompagnant l’Action Commune de la Cevaa dont le thème, choisi lors de son Assemblée Générale 2023, est : « Habiter autrement la création ».

Avant d’être une question financière, le Défap est une capacité des Églises membres à faire ensemble, vivre une fraternité inter-ecclésiale active. Les doutes et la tendance à la démobilisation des membres rendent de plus en plus difficile la réalisation des ambitions que j’ose croire aussi évangéliques. Il devient indispensable de penser une diversification ecclésiale et matérielle à travers deux pistes :

1. L’élargissement dans l’ouverture de l’association à d’autres :
En octobre 2011, le Conseil avait déjà instruit trois demandes venant de la Mission populaire évangélique, de la CEAF ainsi que de la FPMA. Aucune des sessions suivantes du Conseil n’est encore parvenue à une position générale ni à une conclusion définitive sur certaines de ces sollicitations, et il nous semble opportun de reprendre cette question, qui reste d’actualité en ce qui concerne la CEAF, dont nous avons ici la Présidente qui faisait déjà partie des représentants en 2011.

2. La recherche de financements devant la baisse régulière des recettes :
Il importe de définir et de mettre en œuvre une stratégie de recherche de fonds, pour compléter les contributions des Églises au budget. Il nous faudra aussi explorer la piste du bénévolat de compétence pour maintenir un niveau d’engagement conséquent.

Ce que nous devons changer dans la transformation du projet associatif
La question de l’évolution du projet associatif devra se poser à la lumière des objectifs missionnaires concertés que se donnent les Églises membres pour agir en faveur d’une Église qui se confesse universelle et se veut solidaire d’ici jusqu’au bout du monde (Actes 1, 8). Elles ne pourront pas faire l’économie d’un engagement qui permet d’apporter des réponses aux grandes questions du monde ; égalité de genre, environnement, guerre… Quelle incarnation de l’Évangile ?

Quelles adaptations et évolutions institutionnelles ?
La réponse à cette question ne peut faire l’économie d’une définition des objectifs, des buts fixés. Quelle structure répondra mieux à ce que nous voulons faire ? Il est donc indispensable de savoir ce que l’on veut faire.

Conclusion

Pour avancer maintenant vers un nouveau programme d’action, il importe de continuer à réfléchir à tout cela en lien étroit avec les Églises membres sans oublier les Églises et organismes partenaires dont, bien entendu, la Cevaa.

Basile Zouma
Secrétaire général du Défap
23 mars 2024




AG du Défap : le message du Président

« Le Défap est une caisse de résonance des espérances et des appels à nouer des liens fraternels par-delà les frontières, les nationalismes et les vicissitudes de l’histoire », a souligné ce samedi 23 mars le Président du Défap, Joël Dautheville, dans son discours prononcé à l’ouverture de l’Assemblée Générale 2024.

Discours du président du Défap © Défap

Avant toute chose je tiens à remercier de leur présence les délégués et invités mais aussi toute l’équipe qui se mobilise depuis un certain temps pour la tenue de cette Assemblée générale. Comme cela a été voté, l’AG échangera ce matin sur le rapport d’activités et les comptes du Défap puis l’après-midi sur la refondation du Défap.

Notre assemblée se tient à la veille des Rameaux qui ouvre la semaine sainte et la fête de Pâques, fête centrale du christianisme. Toute la semaine prochaine sera l’occasion de voir à quel point la parole de Jésus est performative. C’est pourquoi mon premier paragraphe se nomme :

Jésus, une parole performative

Déjà, selon Marc, Jésus proclame : « Le temps est accompli et le Règne de Dieu s’est approché », alors oui, en Jésus, le Règne de Dieu est proche. Mais dire le Règne de Dieu est proche, c’est annoncer une victoire contre les puissances oppressives de l’humanité (1) comme l’écrit Fritz Lienhard dans son livre relatif à l’avenir des Églises protestantes. Selon la finale de Matthieu Jésus déclare qu’une telle annonce concerne tout humain, toute nation, toute culture et toute époque. Dès lors, les disciples, toute l’Église est missionnée par grâce pour annoncer en paroles et en actes cette Bonne nouvelle. Aujourd’hui, à travers les convictions et actions du Défap, les Églises témoignent qu’elles vivent de cette parole de Dieu incarnée en Jésus et d’une espérance qui traverse tout ce qui avilit l’humain… Mais il y a plus que cela. C’est pourquoi j’ai intitulé mon second paragraphe :

Discours du président du Défap © Défap

Annoncer l’évangile pour le recevoir. Une mission basée sur la rencontre

Pour Fritz Lienhard, « toute personne qui se lance dans une démarche d’annonce le fait dans une logique réceptive. D’une certaine manière elle annonce l’Évangile pour le recevoir (2). » Fin de citation. Annoncer l’évangile pour le recevoir organise la mission sous un angle particulier : celui de la rencontre. En créant la Cevaa et le Défap, les Églises organisent des échanges dans les domaines de la formation théologique, du volontariat, de l’éducation, de la santé, etc. Malgré et dans le chaos du monde une mission qui se vit sous l’angle de la rencontre donne à voir une autre vision du monde. Il n’y a qu’à entendre les témoignages des envoyés et des accueillis. De fait là où le repli sur soi prend de l’importance, les rencontres interculturelles sont riches d’enseignement. Là où l’individualisme gagne du terrain, les rencontres autour de la Parole de Dieu partagée font naître et renaître l’envie de se découvrir, le besoin et le désir de solidarité. De fait cette pratique missionnaire basée sur la rencontre et le partage permet aux Églises de participer, même modestement, à la guérison des mémoires du fait du lourd contentieux entre Nord et Sud. Ne l’oublions pas, cela ne peut que faciliter le travail missionnaire chez les uns et chez les autres et les uns avec les autres. Dans la rubrique Opinions de l’hebdomadaire Réforme (3) paru en juillet dernier, Jean-Arnold de Clermont relaie à sa façon cette perspective en demandant : « Qui pourra nier que dans un monde inégalitaire, où la compétition est le maître mot des relations internationales, où fleurissent les discours de rejet sinon de haine, vivre dans la simplicité́ de relations fraternelles et la modestie d’un projet qui passe les frontières dit quelque chose de l’Évangile ? » fin de citation.

Le Défap, tout comme la Cevaa, est une caisse de résonance des souffrances vécues par les chrétiens partenaires au Nord comme au Sud de l’Afrique, dans l’Océan Indien, dans les Antilles, le Pacifique, etc. Caisse de résonance aussi des difficultés financières des Églises de France, voire de leur positionnement dans la société française. Fritz Lienhard note qu’en France la parole croyante est souvent discréditée, de plus les discours scientistes et économistes ont gagné l’hégémonie culturelle.

Mais le Défap est aussi une caisse de résonance des espérances et des appels à nouer des liens fraternels par-delà les frontières, les nationalismes et les vicissitudes de l’histoire.

Il y a 6 ans, j’ai lancé un appel à une refondation. Il a été repris par le Défap et les Églises. Aujourd’hui, notre AG est appelée à échanger et travailler sur le fond. Les questions de ressources financières, voire de restructuration si cela est nécessaire, interviendront dans un second temps.

Je vous souhaite une bonne AG autour de cette conviction qu’exprime le Symbole des Apôtres : je crois la sainte Église universelle.

Bonne AG.

Joël Dautheville
Président du Défap
23 mars 2024

(1) L’avenir des Églises protestantes, par Fritz Lienhard, Genève, Labor et Fides 2022, page 365
(2) Ibid. page 278
(3) Réforme 4002, 6 juillet 2023



Refondation : une AG pour échanger sur l’avenir du Défap

L’Assemblée générale 2024 du Défap, qui se tiendra le 23 mars, sera l’occasion d’un temps d’échange entre responsables nationaux et régionaux de ses Églises membres pour évoquer l’avenir du Service protestant de mission. « Ce temps de consultation », souligne le Président du Défap, le pasteur Joël Dautheville, « servira à nourrir la réflexion de l’équipe de travail « Refondation » nommée par le Conseil en vue d’établir un document de travail à destination des Églises. »

Vue de l’AG 2023 du Défap © Défap

Depuis plus de cinquante ans, le Défap fait vivre des liens. Liens au près et au loin, entre Églises de France et de nombreux autres pays ; liens entre cultures par-delà les frontières mais aussi au sein même de ses Églises membres. Par les échanges de personnes qu’il permet, par les projets qu’il finance, par les relations entre facultés de théologie qu’il entretient, par les travaux de recherche qu’il soutient, le Défap aide à une meilleure connaissance mutuelle, à des interactions entre théologies, et favorise la solidarité. Plateforme de concertation entre ses Églises membres, le Défap est en prise directe avec les grandes problématiques du monde et se veut ce ferment de dialogue grâce auquel les Églises peuvent mieux s’adapter à des changements qui impactent nos sociétés de manière croissante. Le document « Convictions et actions – 2021-2025«  dont s’est doté le Défap reflète la manière dont ces défis sont intégrés dans le programme de travail et les activités du Service protestant de mission.

Comme le souligne le Président du Défap, le pasteur Joël Dautheville, en introduction du rapport d’activité qui sera présenté lors de l’Assemblée générale du 23 mars, « la mission donne à voir une autre vision du monde (…) Là où le repli sur soi prend de l’importance, les rencontres interculturelles sont riches d’enseignement. Là où l’individualisme gagne du terrain, les rencontres autour de la Parole de Dieu partagée font naître et renaître l’envie de se découvrir, le besoin et le désir de solidarité dans de nombreux domaines : éducation, formation théologique, santé. Les Églises affirment ainsi à travers le Défap que la Bonne nouvelle concerne tout l’humain et tout humain (…) L’universalité de l’Église se fait concrète. »

« Un regard sur ce qui s’est passé pour aider à envisager ce qui est à venir »

Ce rapport d’activité a été structuré en fonction des trois grands axes du programme de travail du Défap :

  • 1) développer les liens avec les partenaires ;
  • 2) s’engager pour la justice, le respect de la création et la dignité humaine ;
  • 3) vivre l’interculturalité.

« Ce rapport d’activité 2023 », souligne le Secrétaire général du Défap, le pasteur Basile Zouma, « est un regard sur ce qui s’est passé pour aider à envisager ce qui est à venir. Mais pour donner un meilleur visage à cet avenir, il nous faut accepter de ne pas faire de ce passé « un lieu de résidence mais un point de référence », un tremplin pour avancer au cœur des défis de chaque instant. » Il s’agit de montrer, à travers les diverses activités du Défap, qui sont nombreuses, la cohérence de l’action du Défap au service de la mission et de ses Églises fondatrices.
 


Quatre minutes pour tout comprendre des activités du Défap. Quels sont nos différents domaines d’intervention ?

 

« Un temps spécial sera consacré à la dynamique nouvelle dans laquelle le Défap est entré avec l’accueil de Volontaires du Service Civique International de réciprocité », souligne par ailleurs le Président du Défap dans sa lettre d’invitation envoyée aux délégués à l’Assemblée générale. Au cours de l’année 2023, le Défap a permis pour la première fois la venue en France de volontaires internationaux issus d’Églises sœurs, pour des missions effectuées au sein d’associations liées à nos Églises, et avec un statut de droit français. Ce mouvement sera prolongé en 2024 avec la venue de volontaires sous statut de VSI (Volontaires de Solidarité Internationale). Pour l’illustrer, et avoir un aperçu concret de ce qui se vit à travers de tels échanges, les délégués de l’AG pourront entendre des témoignages sur les missions déjà effectuées en France dans ce cadre de la « réciprocité ».

De gauche à droite : Magda, Believe et Mona, premières volontaires accueillies en France via le Défap dans le cadre du volontariat de réciprocité, photographiées dans le jardin du Défap © Défap

« Une dynamique nouvelle d’appels à dons »

« L’Assemblée générale, souligne encore Joël Dautheville, prendra également connaissance de la dimension « solidarité internationale » avec les projets des partenaires auxquels le Défap participe dans l’éducation, le sanitaire et social. Un point important à relever est l’importance de la dimension écologique toujours plus présente chez les partenaires et au Défap pour réduire et compenser l’empreinte carbone. »

« Compensation carbone » : exemple de foyer amélioré construit grâce à l’action du Secaar au Togo, avec le soutien du Défap © Secaar

« La question financière, rappelle Joël Dautheville, sera également débattue. Pour prendre en compte la diminution régulière des contributions de certaines régions de l’EPUdF, mais aussi de l’Uepal, le Conseil s’est engagé dans une dynamique nouvelle d’appels à dons auprès des personnes issues du réseau du Défap hors celui des paroisses ou Églises locales. » En une décennie, le budget du Défap a été amputé d’un tiers. En 2013, le Défap fonctionnait avec 3,4 millions d’euros. C’est aujourd’hui moins de 2 millions. L’équipe s’est réduite : en 2012, le Défap comptait 23 salariés ; en 2023, 15 ; aujourd’hui, 14. L’appel aux dons est devenu une nécessité pour préserver les activités du Défap ; mais au-delà, l’AG devra déterminer comment mettre en adéquation les ressources et les objectifs.
 


Trois minutes pour comprendre les finances du Défap. D’où viennent nos ressources et comment sont-elles utilisées ?
Soutenez les activités du Défap

 
Il s’agit donc de définir quelles seront les priorités du Défap au cours des prochaines années, sans attendre que l’impératif financier n’aille contraindre les choix ; chantier qui a été lancé depuis 2018, et qui nécessite l’élaboration d’une vision commune à ses trois Églises membres. Voilà pourquoi, souligne encore Joël Dautheville, « un temps important d’échanges et de réflexion par groupes sera organisé l’après-midi autour de la refondation du Défap. À la suggestion du Conseil et des Églises, les responsables régionaux et nationaux se retrouveront » pour évoquer l’avenir du Service protestant de mission. « Ce temps de consultation servira à nourrir la réflexion de l’équipe de travail « Refondation » nommée par le Conseil en vue d’établir un document de travail à destination des Églises. »




Partez en mission avec le Défap!

Que vous soyez étudiant désireux de s’engager pour une année à l’étranger, ou professionnel en quête d’un engagement qui fasse du sens à l’international, il y a sûrement une mission du Défap pour vous. Les missions prévues pour l’année 2024-2025 sont ouvertes. On n’attend plus que vous…

Photo de groupe de la session de formation des envoyés de juillet 2023 © Défap

Changer de vie, on peut le désirer à tout âge, sans nécessairement franchir le pas. C’est une opportunité qu’offre le Défap : partir pour quelques mois, un an ou davantage, à travers un engagement qui a du sens. Les missions prévues pour 2024-2025 sont désormais ouvertes, et vous pouvez les découvrir et postuler ici-même.

Découvrez nos missions !

Partir avec le Défap, c’est vivre une expérience qui, souvent, marque toute une vie. Les missions sont, pour les envoyés du Défap qui les vivent, des moments riches de rencontres et dont eux-mêmes sortent transformés. Des moments qui les poussent à interroger leurs propres certitudes, leur vision du monde, et qui contribuent par la suite à infléchir leur parcours de vie.

Il y a sûrement une mission du Défap pour vous

Depuis 1971, des générations de coopérants et de volontaires ont été formés, envoyés, accompagnés par le Défap. Leurs histoires individuelles ont ainsi rejoint l’histoire commune tissée à travers le Défap entre les Églises protestantes de France et des Églises présentes essentiellement en Afrique, mais aussi sur plusieurs continents. Autant de rencontres et d’expériences de vie inoubliables. Partir pour soi et pour les autres ; pour se découvrir, s’accomplir et être en relation ; pour aider et grandir : il y a de grandes constantes dans ce qui peut pousser vers une mission à l’international. On peut gagner en maturité et en autonomie, découvrir une langue et une culture, relever des défis, voire chercher à valoriser un engagement dans son CV… À tous ces arguments mis en avant pour promouvoir un engagement à l’étranger s’ajoute, dans le cas du Défap, la dimension d’un projet partagé, porté depuis plus de 50 ans par un partenariat entre les Églises membres du Défap et des institutions ecclésiales œuvrant dans les domaines de l’éducation, de la santé, du développement d’une quinzaine de pays.

S’il ne faut aujourd’hui que quelques heures de vol pour se retrouver à l’autre bout de la planète, partir pour quelques mois ou un an comme volontaire, en mission dans un pays lointain, n’en reste pas moins une aventure – ce dont témoignent tous ceux qui sont partis via le Défap.

« Lorsqu’on est amené à réfléchir sur ce que l’on veut faire plus tard parfois on a une volonté précise, parfois on a une feuille totalement blanche à écrire et parfois on a des convictions qui nous mettent en mouvement vers des destinations inconnues. Pourquoi ai-je eu envie de partir ? Il y a des éléments de réponses dans mon éducation, les voyages que j’ai réalisés, mes engagements, ma foi. »
Daniel, ancien envoyé du Défap, en 2014

« Partir, c’est se redécouvrir et se dépasser »
Samy, envoyé du Défap à Madagascar, 2022

Voulez-vous aider à la scolarité des enfants d’un orphelinat de Tananarive, la capitale malgache ? Ou découvrir une école française en Tunisie ? Ou accompagner les résidentes d’un foyer d’accueil de jeunes filles au Caire ? Que vous soyez prêt à vous engager comme Service Civique ou VSI, il y a sûrement une mission du Défap pour vous.




«Les jeudis du Défap» : croiser les regards sur la mission

Le monde change, la mission aussi. Mais en quoi change-t-elle ? Que devient-elle ? C’est pour penser ensemble les enjeux de la mission de l’Église aujourd’hui que le Défap organise une série de rencontres en visio avec des spécialistes de la mission, chercheurs et professeurs. Premier rendez-vous à inscrire à votre agenda : le 4 avril. Avec comme thématique : « La mission inversée ? Peut-on véritablement parler de mission du Sud vers le Nord ? » Les inscriptions sont ouvertes…

Le Défap vous propose trois rendez-vous pour aborder plusieurs aspects de la mission aujourd’hui. L’objectif de ces rencontres est d’ouvrir un espace-Défap pour le partage d’une réflexion missiologique et interculturelle avec le concours de spécialistes sur la question.

En 2024, trois rendez-vous sont fixés les soirs de 18h30 à 20h00 :

  • Le jeudi 4 avril 2024 : « La mission inversée ? Peut-on véritablement parler de mission du Sud vers le Nord ? »
    Intervenants : Adrien Franck MOUGOUE et Mme Corinne VALASIK
  • Le jeudi 5 septembre 2024 : « Le pardon chez Paul Ricœur : une proposition de construction socio-politique de la paix ».
    Intervenant : Pasteur Robert LOUINOR
  • Le jeudi 5 décembre 2024 : « Théologie interculturelle et interculturalité dans l’Église.
    Intervenant : Professeur Gilles VIDAL

Ces rencontres se feront en deux temps :

  • Un temps de conférence
  • Un temps de débat et de questions-réponses.

Dans le contexte actuel, la mission interroge et s’interroge sur elle-même, sur ses transformations sémantiques et conceptuelles. Nous proposons aux chercheurs et professeurs intervenants de croiser leurs regards pour enrichir les participants des fruits de leurs recherches. Il leur est proposé d’élargir et d’enrichir notre connaissance sur la missiologie et le dialogue interculturel. C’est pour nous une occasion de penser ensemble les enjeux de la mission de l’Eglise aujourd’hui. Un bulletin d’inscription est mis en ligne sur le site du Défap, pour vous permettre de participer à ces visioconférences. Une fois inscrit, un lien d’accès vous sera communiqué.




«Jeudis du Défap» : pour s’inscrire, c’est ici

Vous souhaitez participer aux « Jeudis du Défap » ? Pour tout savoir et pour vous inscrire, c’est par ici :

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Rendez-vous au Défap pour les futurs pasteurs

Lundi 18 mars, les étudiants en Master 2 « Église et Société » de l’IPT seront au 102 boulevard Arago, pour rencontrer l’équipe du Défap, ainsi que la Secrétaire générale de la Cevaa, Claudia Schulz. L’objectif de ces rencontres, désormais régulières, est notamment de permettre de mieux faire connaître les rôles du Défap et de la Cevaa à ces étudiants qui se destinent à devenir pasteurs au sein de l’Église protestante unie de France.

Les étudiants de l’IPT, accompagnés d’Élian Cuvillier, et l’équipe du Défap, le lundi 13 décembre 2021 dans la chapelle du 102 boulevard Arago

L’interculturel, en ces temps de mondialisation, nul n’y échappe ; et pas plus les paroisses protestantes que le citoyen ou le consommateur lambda. La porosité des frontières aujourd’hui ne concerne pas les seuls biens et services marchands ; elle se traduit non seulement par des implantations d’Églises de migrants, mais aussi par l’arrivée de nouveaux paroissiens dans des Églises installées de longue date, entraînant souvent une porosité des frontières entre cultures au sein d’une même paroisse. Conséquence : le protestantisme français aujourd’hui présente une diversité culturelle inédite, ce qui est vécu avec plus ou moins de bonheur… et plus ou moins de difficultés, parfois pratiques, mais aussi théologiques.

Et dans chaque Église, chaque paroisse, les pasteurs se retrouvent au confluent de ces enjeux, qui les mettent au défi d’adapter, voire de réinventer leur rôle. Ils doivent se faire passeurs : être capables de comprendre les contextes dont sont issus leurs paroissiens et les mettre en dialogue, nouer des liens avec d’autres Églises… C’est l’un des rôles du Défap que de les y aider. Comme le soulignait son Secrétaire général, Basile Zouma, en 2021, année où le Défap célébrait son cinquantenaire, « l’Église universelle n’est pas d’abord située géographiquement, elle est plus large. Nous aidons les communautés à en prendre conscience, à dépasser les frontières, à se décentrer dans un réel partage, à ne pas se refermer sur leurs propres difficultés ». Il s’agit donc toujours pour les pasteurs de prêcher l’Évangile, d’accompagner des communautés locales, d’accompagner des personnes dans des moments particuliers de leur vie, comme le soulignait en mai 2016 Evert Veldhuizen, président de l’Association des Pasteurs de France ; mais aussi de savoir décrypter et faire communiquer entre elles des manières diverses d’envisager l’Église et la société, de croire et d’exprimer sa foi.

Un corps pastoral dont la sociologie se modifie

Tâche d’autant plus ardue que le corps pastoral, lui aussi, évolue fortement. Ce que souligne le professeur Élian Cuvillier, de l’Institut Protestant de Théologie (IPT) selon qui « le jeune qui fait de la théologie juste après le bac, européen, protestant venant des paroisses, devient une denrée rare ». Ainsi, depuis les années 80, le corps pastoral a dû s’adapter à l’ère numérique, il a vu sa sociologie se modifier… Celui de l’Église protestante unie de France (EPUdF) compte de plus en plus de femmes, de plus en plus de pasteurs venus de l’étranger (ils sont aujourd’hui un tiers au sein de l’EPUdF, dont une bonne moitié provenant d’Afrique), voire d’autres Églises… Nombre de nouveaux pasteurs ont déjà connu une vie professionnelle avant de se reconvertir, et la part de celles et ceux qui sont directement issus de familles de pasteurs du milieu luthéro-réformé se réduit de plus en plus. Des transformations qui sont à l’image de celles que connaissent les paroisses. L’épisode de la crise sanitaire, dont l’impact a été lourd sur la vie des Églises, et les tensions entourant les questions liées à la laïcité n’ont fait qu’accentuer récemment des transformations déjà profondes.

Élian Cuvillier sera justement l’accompagnateur du groupe d’étudiants de l’IPT qui doivent se rendre ce 18 mars au Défap. Tous sont en deuxième année de Master, et plus précisément en Cycle M2 « Église et société », ce qui les prépare à exercer un ministère au sein de l’EPUdF. Un Cycle M2 dont Élian Cuvillier est le directeur, depuis juillet 2017, sur les deux facultés de Paris et Montpellier. Il a déjà eu l’occasion de dire, lors d’une de ces visites, qu’il considère le Défap comme « un rouage essentiel de l’Église », avec lequel ses étudiant·es, en tant que futur·es pasteur·es, « seront nécessairement amené·es à travailler ».

Voilà plusieurs années que ces visites d’étudiant·es de l’IPT sont organisées au 102 boulevard Arago ; Tünde Lamboley, alors responsable de la formation théologique, et qui avait initié un rapprochement avec l’IPT à travers une série de « déjeuners-cultes », avait en effet constaté que le Service Protestant de Mission restait encore trop souvent méconnu parmi les étudiants. D’où cette idée d’un temps de rencontre et d’échanges, approuvée par Élian Cuvillier. Pour cette année 2024, le programme a été établi par le service Échange théologique du Défap et associe, pour la première fois, la Cevaa. C’est en effet au sein de cette Communauté d’Églises en mission, née en même temps que lui, en 1971, de la Société des Missions Évangéliques de Paris, que se déploient une grande partie des activités du Défap ; elle regroupe la majorité des Églises avec lesquelles il est en lien dans et hors de France ; et la Cevaa, comme le Défap, travaillent à favoriser les échanges et faire vivre les liens entre Églises. Les étudiants du Cycle M2 pourront tout d’abord rencontrer l’équipe du Défap, lors d’une présentation de ses divers services et d’un repas en commun ; et ils pourront s’entretenir avec la Secrétaire générale de la Cevaa, Claudia Schulz, qui leur fera une présentation durant l’après-midi des enjeux et des activités de la Communauté d’Églises en mission.
 

Devenir pasteur·e ou théologien·ne
Le cycle M de l’Institut Protestant de Théologie prend la forme d’un cursus de deux ans (M1, M2 Église et société / M2 « Corpus biblique/corpus systématique/corpus historique/corpus pratique/œcuménisme »). Le Cycle M mention « Corpus et œcuménisme » a pour objectif de préparer des théologien·ne·s dans les spécialités nommées pour être capable de réfléchir les faits religieux en dialogue avec les sciences humaines et sociales dans une société laïque (débouchés professionnels : journalisme, travail dans des ONGs, médiation en situation interreligieuse). Le Cycle M mention « Église et société » prépare à un ministère dans l’EPUdF. La première année est commune aux deux mentions et propose des séminaires dans les quatre disciplines histoire / biblique / systématique / théologie pratique et se clôt par un premier mémoire. La deuxième année vise à compléter la formation en approfondissant les connaissances et les expériences. Elle est distincte en fonction de la mention ; l’entrée dans la mention « Église et société » est conditionnée à l’accord de la Commission des ministères (CDM) de l’EPUdF.



Mona : « J’ai beaucoup appris chez les Diaconesses »

Mona, venue d’Égypte pour une mission de service civique chez les Diaconesses de Strasbourg, a terminé son séjour. Dans cette dernière lettre de nouvelles, elle fait le bilan : des relations très fortes avec les pensionnaires de la rue Sainte-Elisabeth, un regard qui a changé sur sa vie, sa relation au temps, à la mémoire…

Mona, photographiée dans le jardin du Défap © Défap

 

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Neuf mois se sont écoulés et me voilà en Égypte, chez moi. Maintenant, je dois écrire la dernière lettre de ma mission. Il n’est pas toujours facile d’écrire tout ce qu’on a vécu ou ressenti. Mais, l’une des leçons que j’ai apprises auprès des personnes âgées est qu’en vieillissant, on peut tout oublier. Il faut donc tout écrire et garder à jamais ce texte pour m’aider à ne pas oublier mon séjour à Strasbourg, 3 rue Sainte-Elisabeth.

Grâce à cette session retour au Défap et à la rencontre avec d’autres volontaires qui ont partagé leur expérience, j’ai pu avoir un aperçu général de tout ce que j’ai vécu au cours de mon service civique, ce qui m’a facilité la rédaction de ce texte.

Au début, la mission était un peu difficile pour moi. Être dans un pays étranger, complètement différent du mien, loin de mes proches et avec des personnes qui m’étaient inconnues. Je ne savais pas quoi faire. Je me sentais inutile, ce que je ne pouvais pas supporter. Les journées étaient très longues et les nuits courtes.

Mais au bout de quelques jours, j’ai remarqué que ces personnes essayaient de me connaître, de prendre soin de moi, de savoir ce que j’aime et ce que je n’aime pas, ce que je peux faire et ce que je ne peux pas sans me critiquer ni me juger.

Maintenant, face à cet amour et à cet accueil chaleureux, je dois aussi faire un effort, je dois faire de mon mieux. Il faut donc comprendre leur vie et en faire partie. Il faut connaître les goûts et les couleurs de chacun et chacune pour pouvoir passer du temps avec eux au quotidien, avoir des moments d’échange et de partage.

J’ai commencé à écrire chaque jour dans un cahier, qu’une sœur m’avait donné, tout ce que je découvrais sur chaque personne : qui aime sortir, lire, jouer, discuter, tricoter, … etc. Je me suis préparée alors un programme en fonction des besoins ou des disponibilités de chacun.

Le temps passait comme un torrent

Après avoir connu tout le monde et m’être rapprochée d’eux, tout a changé. Les journées devenaient très courtes. Je n’arrive pas à réaliser tout ce qui était prévu dans mon programme. Une journée ne suffisait pas pour passer du temps avec tout le monde, alors j’attendais le lendemain avec impatience pour terminer ce que je voulais faire. Le temps passait comme un torrent qui coule toujours et ne s’arrête jamais. Cette maison est devenue ma maison, cette pièce est devenue ma chambre et ces personnes font désormais partie de mes proches.

Le fait d’accompagner des personnes âgées m’a permis de devenir les yeux des malvoyants, les oreilles des malentendants, la mémoire des oublieux, les mains, les pieds, etc. Cela m’a permis d’avoir de nouveaux yeux et de nouvelles oreilles pour voir et entendre les choses différemment, de nouveaux pieds pour visiter de nouveaux endroits,…

J’ai beaucoup appris chez les Diaconesses. J’ai appris à utiliser mes mains. J’ai appris à tricoter de jolis bonnets pour les bébés, à utiliser la machine à coudre, à préparer de nouvelles recettes de gâteaux alsaciens. Grâce aux sœurs, j’ai appris que la plus haute distinction est de servir. Les actes sont plus parlants que les mots. Ce qui se fait de grand, se fait dans le silence. Il faut donner les mains pour aider et le cœur pour aimer. Il faut savoir écouter les autres pour comprendre et pas seulement répondre.

J’ai découvert différents aspects de ma personnalité en accompagnant ces personnes âgées physiquement plutôt que spirituellement. J’ai découvert que je suis une personne patiente. Je peux écouter les autres et comprendre leur tristesse ou leur joie. Je ne m’ennuie pas de faire plusieurs fois la même chose avec les mêmes personnes si ça les aide ou leur plaît.

Après la mort de quelqu’un, il ne faut pas mettre des points mais plutôt des virgules

L’une des périodes les plus difficiles que j’ai vécues au cours de ces neuf mois a été la mort de certaines personnes à la maison. Mais grâce à la vie de communauté, cette vie de prière et de partage, on peut tout surmonter, tout traverser. Comme on me l’a dit, la mort fait partie de la vie. Après la mort de quelqu’un, il ne faut pas mettre des points mais plutôt des virgules car ce n’est pas la fin mais plutôt la continuation de la vie avec le Seigneur.

Le service civique :

Le service civique m’a aidé à rencontrer de nouvelles personnes, à acquérir de nouvelles compétences sur le terrain et à avoir une perspective différente sur la vie. Faire un service civique m’a aussi permis de gagner en maturité, en autonomie et de mieux me connaître. Cela m’a permis de prendre du temps pour moi, de comprendre un peu mieux ce qui m’attire et de définir vers quoi j’aimerais me diriger.

Vacances/ Voyage/ Loisirs :

  • La Suisse : le district de la Gruyère, la Maison Cailler, la Grande Roue, le Lac Léman, des « escape games », des salles d’arcade, SENSAS Genève.
  • Eguisheim.
  • Mulhouse : l’Hôtel de Ville, le Musée Historique de Mulhouse, l’église de Saint-Étienne, La grande mosquée de El-Nour.
  • Le Grand Ballon.
  • Le Vallon de Murbach.
  • Strasbourg : La cathédrale, L’église de Saint Thomas – Saint Paul – Saint Nicolas, Concert Vivaldi (Les 4 saisons & Gloria, Promenade par Batorama, Le petit train)
  • Le Hohrodberg : C’est un centre communautaire de retraite spirituelle et de prière dans les Vosges. C’est un endroit hors du monde où vous pouvez faire une sieste du bruit de la vie et passer vos vacances ou même toute votre vie. Vous trouverez là bas, des sœurs Diaconesses qui font l’accueil, la cuisine, le ménage …etc. Des sœurs qui prient, qui chantent et qui parlent couramment le silence. Des sœurs très accueillantes, qui savent comment dire bonjour et comment dire au revoir.

Ce qui était un peu étrange pour moi en France :

  • Passer des heures et des heures à table
  • Le fromage est très important aux Français. Il peut être l’apéro, l’entrée, le plat principal et parfois le dessert.
  • Les magasins qui ferment trop tôt.
  • Le tutoiement et le vouvoiement.
  • Le fait que le nombre de bises change d’une personne à l’autre.
  • Le calme ou le silence dans les rues et le fait qu’il n’y ait pas de klaxons.



Laissez-vous guider à travers le Défap et l’IPT

Une visite guidée à travers l’histoire des missions protestantes et dans les arcanes de la faculté de théologie, ça vous tente ? Le Service protestant de mission – Défap et l’Institut protestant de théologie – Paris ouvrent leurs portes samedi 2 mars à un groupe de jeunes visiteurs, emmenés par deux guides de choix, qui y travaillent et y étudient. Il y a beaucoup à découvrir à travers ces deux institutions protestantes voisines : des lieux à l’écart de l’agitation de Paris, avec leurs cours et jardins, leurs bibliothèques… mais aussi une histoire riche, et des activités en prise avec tous les défis du monde actuel, à commencer par les relations interculturelles… Une occasion unique de les découvrir de l’intérieur. Cette visite est organisée pour les jeunes adultes protestants à Paris, par des groupes de jeunes des Églises réformées de l’Étoile, de l’Oratoire du Louvre, de Pentemont-Luxembourg, de Montparnasse-Plaisance, du réseau jeune adultes de l’Inspection luthérienne, et de l’Association des étudiants protestants de Paris (AEPP). En partenariat avec « La Fédé » – FFACE.

Vue du jardin du Défap, au 102 boulevard Arago, Paris © Défap

Samedi 2 mars à 15h, visite guidée de deux institutions protestantes situées boulevard Arago, dans le 14e arrondissement, pour les jeunes adultes protestants à Paris.

Inscrivez-vous !

🌍 La Maison des missions, au n°102, est le siège du Défap, et auparavant de la Société des missions évangéliques de Paris fondée en 1822, l’organisme missionnaire protestant français. Aujourd’hui, le Défap agit dans les domaines humanitaire et missionnaire (l’action apostolique de son acronyme), pour ses Églises membres – EPUdF, UEPAL, UNEPREF – et à l’international. defap.fr
🎓 La Faculté de théologie protestante de Paris, au n°83, abrite une antenne de l’Institut protestant de théologie (IPT). Ses locaux ont été inaugurés en 1879 par Jules Ferry. ipt-edu.fr
Les deux sites seront présentés par deux jeunes, Nicolas et Emmanuelle, qui y travaillent et étudient.
🕒 Rendez-vous au n°102 boulevard Arago – métro Denfert-Rochereau – à 15h.

Vue de l’Institut Protestant de Théologie, 83 boulevard Arago, Paris © Défap

Événement organisé par les groupes de jeunes des Églises réformées de l’Étoile, de l’Oratoire du Louvre, de Pentemont-Luxembourg, de Montparnasse-Plaisance, du réseau jeune adultes de l’Inspection luthérienne, et de l’Association des étudiants protestants de Paris (AEPP). En partenariat avec « La Fédé » – FFACE.




VSI : participez à l’organisation du Grand Kiff

France
Mission JEEP – Lyon

Mission VSI de 12 mois, renouvelable

Vue d’un rassemblement du Grand Kiff © archives Grand Kiff

Contexte

L’Église protestante unie de France, membre du Défap, coordonne de nombreuses œuvres sociales réparties à travers le pays. La mission se déroule à la paroisse de Lyon pour un accompagnement des étudiants et l’organisation du grand kiff.

Mission : Accompagnement des étudiants et organiser le grand kiff 2025


APSAJ :

    • elle organise le rassemblement protestant de jeunes de 15 à 20 ans, le Grand KIFF 2021 (legrandkiff.org) et l’Alter’KIFF, un camp de service et de formation pour les jeunes adultes de 18 à 30 ans,
    • la diffusion d’informations sur tous les sujets concernant ses buts,
    • la création et la gestion de toute activité et tout service conformes à ses buts,
    • l’organisation de camps et d’évènements,
    • toute action de formation, le soutien de toute organisation de réunions de travail, d’assemblées, de conférences dont les objectifs sont similaires, et généralement toute initiative pouvant contribuer à la réalisation de l’objet de l’association.

Mission JEEPP :

    • animation de soirée et sorties pour étudiant.e.s et jeunes actif·ve·s
    • accompagnement du projet maison de l’unité : En partenariat avec l’Eglise catholique dans le projet de la Maison d’Unité des étudiant·e·s vivent en colocation et participent aux soirées du mercredi en suivant un parcours alpha et un programme de découverte des différentes églises chrétienne sur Lyon.
      • Assurer des permanences d’accueil avant les soirées pour faire du lien, animer des temps de loisirs et culturels
      • Organiser des sorties culturelles en région pour aider les étudiants à sortir de l’isolement
      • Participer à l’organisation de l’accueil de délégation étrangères pour le rassemblement de jeunes Grand KIFF
      • Aider à la préparation du programme et des animations autour de l’interculturalité
      • Communiquer en région Rhône-Alpes sur ce rassemblement