Les Jeudis du Défap : «faciliter les réflexions pour une action missionnaire commune»

En ce mois de mai dans « Courrier de mission », Guylène Dubois a reçu Jean-Pierre Anzala, responsable du service Échange théologique au Défap, pour parler des « Jeudis du Défap ».
Jean-Pierre Anzala dans la bibliothèque du Défap © Défap

Avant d’être responsable du service Échange théologique au sein du Défap, Jean-Pierre Anzala a été pasteur à Brest, puis au sein de l’Église protestante réformée de la Guadeloupe, qui a depuis 2021 le statut « d’Église associée » de l’Église protestante unie de France (EPUdF) ; puis au sein d’une paroisse de région parisienne, à Noisy-le-Grand, qui a a accueilli le synode national de l’EPUdF en 2023… Entretemps, il est aussi devenu aumônier régional des prisons et s’est impliqué au sein de la Coordination Évangélisation et formation de l’EPUdF. Autant de lieux et de rôles qui ont amené ce pasteur luthérien d’origine guadeloupéenne à s’interroger sur le rapport à l’autre, à sa foi, à sa culture. Au sein du Défap, il s’occupe, entre autres, de l’accompagnement des doctorants venus de Facultés de théologie partenaires présentes hors de France, et qui viennent faire des recherches au sein de bibliothèques comme celle de l’IPT (Institut protestant de théologie) ou celle du Défap. Ce qui lui a donné des idées pour mettre sur pied les « Jeudis du Défap », série de webinaires interactifs consacrés aux enjeux actuels de la mission – ce dont il s’explique au micro de Guylène Dubois dans « Courrier de mission », l’émission du Défap diffusée sur Fréquence protestante et Radio FM+.

« Il y avait déjà eu en 2021 les « Jeudis de la mission », nés de la tentative de transformer un forum du Défap, dont la tenue avait été rendue impossible par le Covid, en visioconférence. J’ai voulu reprendre l’idée, mais autrement. En changeant le nom tout d’abord : il ne s’agit pas de webinaires tels que pourraient les organiser telle faculté ou tel organisme spécialisé dans l’œcuménisme. Il s’agit de montrer que le Défap a quelque chose à dire et qu’il est là aussi pour penser la mission, ses enjeux. Ensuite, il fallait trouver des ressources pour pouvoir animer ces Jeudis du Défap. Et on a une mine d’or : nos doctorants, ou ceux qui sont déjà devenus docteurs en bénéficiant d’une bourse du Défap. »

Les Jeudis du Défap : croiser les regards sur la mission

Courrier de Mission
Émission du 19 mai 2024 sur Fréquence Protestante

 

Pari réussi avec le premier de ces rendez-vous, qui a eu lieu le 4 avril sur le thème de « la mission inversée ». Peut-on véritablement considérer que le Sud, aujourd’hui, vient évangéliser le Nord ? « C’est un sujet qui interpelle à la fois les catholiques et nous-mêmes, estime Jean-Pierre Anzala. Alors il m’a paru intéressant d’avoir deux intervenants, l’un côté protestant et l’autre côté catholique. Ce croisement a donné des résultats extraordinaires : on a eu une bonne centaine de personnes en ligne. » Le texte des interventions de Corinne Valasik, maîtresse de conférences en sociologie à l’Institut Catholique de Paris, et d’Adrien Franck Mougoué, doctorant en Histoire de Religions, Département d’Histoire, Université de Douala, a depuis été diffusé par Forum protestant ; et ce premier des « Jeudis du Défap » a donné lieu à un article dans Réforme.

Deux autres dates : 5 septembre et 5 décembre

Prochain rendez-vous : le 5 septembre, sur le thème : « Le pardon chez Paul Ricœur : une proposition de construction socio-politique de la paix ». L’intervenant sera le pasteur Robert Louinor. Avant de conclure l’année le jeudi 5 décembre 2024, avec un rendez-vous sur le thème « Théologie interculturelle et interculturalité dans l’Église » : l’intervenant en sera le professeur Gilles Vidal. « Nous voulons nous pencher sur des sujets que nous vivons tous au quotidien, avec des professeurs, des spécialistes, explique Jean-Pierre Anzala. Par exemple, cette question de l’interculturalité sur laquelle Gilles Vidal va venir réfléchir avec nous, on la vit déjà tous les jours dans les paroisses des grandes villes. Mais comment bien la vivre en Église ? »

Au-delà de ces trois rendez-vous programmés en 2024, Jean-Pierre Anzala estime que ces webinaires ont vocation à « s’inscrire dans quelque chose de plus grand. C’est une véritable interrogation qui est posée sur le Défap, et le dernier synode de l’EPUdF allait en ce sens : nous sommes de plus en plus encouragés à faire du Défap un lieu de formation missionnaire, de formation au témoignage missionnaire et chrétien ; on ne va pas devenir un IPT bis, mais on peut imaginer des moments de formation au Défap. Ainsi que la mise en relation des lieux de formation sur ces thèmes de la missiologie, de l’interculturalité dans l’Église ; pour que les Églises ne se trouvent pas à vivre des choses sur lesquelles elles n’arrivent pas à mettre des mots, des concepts… »

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Trois publics : Églises, acteurs de la mission, curieux

Pour Jean-Pierre Anzala, c’est une partie de « la mission que nos Églises membres nous donnent : faciliter leurs réflexions pour avoir une action missionnaire commune. » Mais le public visé par ces webinaires va au-delà. Jean-Pierre Anzala le divise en trois :

  • « Les Églises. Je pense que le Défap a pour rôle d’être l’agent, ou le département, qui aide les Églises à penser leur action missionnaire, l’avenir et les évolutions de la mission ». Et en leur sein, plus spécifiquement « les « connaisseurs », ceux qui réfléchissent déjà à ces thématiques et sont un peu les « poils à gratter » de l’Église. »
  • « Les acteurs, ceux qui vivent la mission, ceux qui accueillent les groupes venus d’ailleurs dans les Églises, ceux qui sont partis. C’est peut-être le plus grand public auquel on s’adresse, pour qu’eux-mêmes soient des vecteurs de cette flamme auprès d’autres, pour que la mission continue. »
  • « Ceux qui se demandent ce qu’est le Défap, ce qu’est la mission : n’est-ce pas un vieux mot, est-ce toujours d’actualité ? Tous ceux qui veulent peut-être avoir d’autres relations à l’étranger, aux autres Églises, à d’autres manières de recevoir la foi. Ces chercheurs, ces curieux, le Défap, en tant qu’organisme de mission, s’intéresse beaucoup à eux aussi. »