La session 2023 de formation des envoyés du Défap a commencé le 3 juillet au 102 boulevard Arago, à Paris. Une période dense d’une dizaine de jours que les candidats vont passer ensemble, non seulement pour acquérir une « boîte à outils » indispensable pour leur future mission, mais aussi pour apprendre à mieux se connaître et mûrir leur projet.
Session 2023 de la formation des envoyés du Défap : les participants s’installent avant la présentation de l’équipe du Défap… © Défap

 

Lundi 3 juillet : dès le matin, le bâtiment du Défap se remplit de bruits de voix et d’allées et venues. Cette journée marque le début de la session de formation des envoyés : une période courte (une dizaine de jours) mais dense, à la fois pour les candidats au départ et pour les responsables de la formation. Pour celles et ceux qui s’apprêtent à partir à Djibouti, au Tchad, au Cameroun, en Tunisie, à Madagascar, les profils sont très divers, de même que leur connaissance des pays et des cultures de leur futur lieu de mission : jeunes professionnels ou encore en cours d’études, praticiens aguerris de l’international… Et les motivations pour partir sont tout aussi variées. Parmi la petite vingtaine de futurs envoyés qui se rassemblent peu à peu devant le buffet préparé dans le hall d’accueil, et commencent à échanger avec l’équipe du Défap, plusieurs générations sont représentées. Il y a celles ou ceux qui partent seuls, et pour qui cette mission sera une découverte ; il y a aussi des couples, déjà engagés dans des projets au long cours dans des pays qu’ils connaissent… Certaines et certains, la plupart, partiront sous statut de VSI (Volontaire de Solidarité Internationale) ou de Service civique, mais le Défap envoie aussi des pasteurs outre-mer… Une diversité qui favorise d’emblée les conversations, mais qui constitue aussi un défi pour la formation. Pour y répondre, une bonne partie de l’équipe est mobilisée, ainsi que des intervenants extérieurs ; avec des modules qui, plutôt que des savoirs théoriques, visent à fournir aux futurs envoyés une « boîte à outils » qui leur permettra de s’adapter au mieux une fois sur le terrain de leur mission.

Ce temps de formation s’inscrit dans un cadre légal, avec des obligations claires : les futurs VSI doivent une préparation technique adaptée à la nature de la mission, une information pertinente sur les conditions dans lesquelles elle devra s’exercer, et une sensibilisation aux relations interculturelles. Les futurs Services civiques doivent recevoir une formation civique et citoyenne. Mais les sessions de formation du Défap se distinguent à la fois par leur durée et par les sujets abordés, qui vont bien au-delà de ce cadre imposé. Pendant une dizaine de jours, les futurs envoyés vivront sur place, auront l’occasion de se découvrir, d’approfondir les raisons qui les poussent à partir… Si le besoin de vivre une expérience solidaire est largement partagé, certains connaissent bien les milieux d’Église dans lesquels leur mission va se dérouler, d’autres peu ou pas ; dans tous les cas, il convient de répondre à quatre questions essentielles : Qui part ? Pour vivre quoi ? Dans quel contexte ? Qui revient ?

Session 2023 de la formation des envoyés du Défap : premier atelier pour « briser la glace »… © Défap

 

Le départ en mission, une expérience qui influe sur toute une vie

Ces quatre questions, Anne-Sophie Macor, qui fait partie de l’équipe du Défap où elle a notamment la responsabilité du suivi des envoyés, ne manque pas de les rappeler aux participants une fois ceux-ci installés dans la chapelle du 102 boulevard Arago, et après la présentation des permanents du Défap. C’est autour de ces questionnements qu’ont été construits ces dix jours de formation. Pour les futurs envoyés, cette période passée en commun au sein des locaux du Défap doit leur permettre de se préparer ; de partager une vision commune ; de s’inscrire dans un cadre ; d’acquérir de la confiance dans une structure qui assurera leur suivi à l’étranger tout au long de leur mission. Pour le Défap, il s’agit également de mieux connaître les envoyés – cette session vient alors compléter les divers entretiens que les uns et les autres ont eus tout au long du parcours de sélection de leur candidature – et aussi de se questionner sur leurs projets. « On a voulu avoir la formation la plus exhaustive possible, souligne Anne-Sophie Macor au cours de ce premier module de la matinée, avec un panel large d’intervenants, pour que vous puissiez avoir plusieurs points de vue. Les modules sont le plus interactifs possible : l’idée, c’est vraiment un enrichissement mutuel ».

Premiers échanges dans le jardin à la pause… © Défap

 

Au cours de cette première journée, après la rencontre de l’équipe des permanents du Défap et la présentation du programme par Anne-Sophie Macor, les envoyés ont droit à une visite de la bibliothèque : un lieu aux richesses inégalées en ce qui concerne l’histoire des missions protestantes, depuis les débuts de la SMEP (Société des Missions Évangéliques de Paris, l’ancêtre du Défap) jusqu’à aujourd’hui… mais aussi riche de ressources utiles pour les candidats au départ : c’est là qu’est établie la bibliographie distribuée à tous les participants de la session. Les journées suivantes verront se succéder les modules et les ateliers, de 9h30 à 18h30 : interculturalité, cadre de la mission, engagement personnel, questions de santé et de sécurité, enjeux géopolitiques, Églises et société, relations interreligieuses, rencontres avec d’anciens envoyés venus témoigner… Si la formation est riche en termes de contenus, cette dizaine de jours va surtout représenter pour tous l’occasion de confronter leurs visions et leurs engagements ; de mûrir une ultime fois leurs motivations… Et au bout du compte, ce qui sera déterminant, ce sera la capacité des futurs envoyés à entrer en dialogue et en relation, à questionner leur propre vision du monde dans des contextes culturels parfois déroutants pour s’adapter à leur lieu de mission : le savoir-être prime sur le savoir-faire. Ce n’est pas un hasard si les derniers entretiens ont lieu au cours de ces quelques jours. Et cette période passée ensemble sera aussi un sas avant de partir pour une expérience destinée à changer radicalement leur perception du monde, et à influer durablement sur leur vie.

Et c’est bien parce que tout envoyé qui part sera nécessairement confronté à de l’inconnu, à des expériences et à des rencontres qui auront un impact profond, que le Défap prépare aussi soigneusement les envois en mission. De la même manière, les retours doivent être préparés. Avec le même sérieux et la même minutie : car on rentre nécessairement changé de l’expérience du volontariat. Il n’est pas question de revenir simplement prendre sa place dans son milieu social ou familial, dans ses études ou sa vie professionnelle : faute de quoi, le risque est grand de connaître un « choc du retour », rendant la réinstallation plus difficile que le départ lui-même.

Visite de la bibliothèque © Défap
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