Des Gospels à Beyrouth

Le 2 octobre dernier, l’Eglise protestante française de Beyrouth célébrait son culte à 1100 mètres d’altitude devant une centaine de personnes. Pierre Lacoste, le pasteur de « la Communauté des Hauts de la Colline » revient sur ce jour si particulier.

 

« L’Eglise protestante française de Beyrouth est encore entre ciel et terre ce matin. Les célébrations en altitude sont connues pour transfigurer la face des hommes et du monde ! La communauté s’est en effet déplacée ce dimanche 2 octobre à Dhour Chouwer dans le Mont Liban pour un culte et une journée de détente en pleine nature.

Certains désistements de dernière minute n’ont pas empêché de réunir près d’une centaine de personnes. Pour l’Eglise et son pasteur, ces femmes travailleuses domestiques au Liban représentent une mission dans la mission.


Culte à Dhour Chouwer, octobre 2016, DR

 

Principalement malgaches, protestantes, ces femmes vivent dans des conditions proches de l’esclavage. Les maisons qu’elles astiquent à longueur de jour sont leurs champs de coton. Six jours sur sept (pour celles qui bénéficient de ce jour off), elles sont corvéables à merci pour un salaire minable. Le comble du cynisme est que ces esclaves des temps modernes sont consentantes. La misère produit ce genre d’effets pervers. Les cantiques qu’elles font monter vers Dieu dans leur langue maternelle avec une ferveur qui ne peut laisser personne indifférent sont leur gospel.
Si ces excursions biannuelles remportent un vif succès, c’est parce qu’elles offrent la possibilité de retrouvailles dominicales avec la dignité humaine. Tel est le message évangélique, il ne change pas nécessairement la condition humaine, il la transfigure, l’illuminant de grâce et d’espérance ».