Nous prions pour nos envoyés au Liban et pour le peuple libanais

Quelques hommes vinrent de Judée à Antioche et se mirent à donner aux frères cet enseignement : « Vous ne pouvez pas être sauvés si vous ne vous faites pas circoncire comme la loi de Moïse l’ordonne. » Paul et Barnabas les désapprouvèrent et eurent une violente discussion avec eux à ce sujet. On décida alors que Paul, Barnabas et quelques autres personnes d’Antioche iraient à Jérusalem pour parler de cette affaire avec les apôtres et les anciens. Actes 15,1-2

Alors, toute l’assemblée garda le silence et l’on écouta Barnabas et Paul raconter tous les miracles et les prodiges que Dieu avait accomplis par eux chez les non-Juifs. Quand ils eurent fini de parler, Jacques prit la parole et dit :

« Frères, écoutez-moi ! Simon a raconté comment Dieu a pris soin dès le début de ceux qui ne sont pas juifs pour choisir parmi eux un peuple qui lui appartienne. Et les paroles des prophètes s’accordent avec ce fait, car l’Écriture déclare :

“Après cela je reviendrai, dit le Seigneur,
Pour reconstruire la maison de David qui s’était écroulée,
Je relèverai ses ruines et je la redresserai.
Alors tous les autres humains chercheront le Seigneur,
Oui, toutes les nations que j’ai appelées à être miennes.
Voilà ce que déclare le Seigneur, qui a fait connaître ses projets depuis longtemps.”

C’est pourquoi, ajouta Jacques, j’estime qu’on ne doit pas créer de difficultés à ceux, non juifs, qui se tournent vers Dieu. Mais écrivons-leur pour leur demander de ne pas manger de viandes impures provenant de sacrifices offerts aux idoles, de se garder de l’immoralité et de ne pas manger de la chair d’animaux étranglés ni de sang. Car, depuis les temps anciens, des hommes prêchent la loi de Moïse dans chaque ville et on la lit dans les synagogues à chaque shabbat. » Actes 15,9-12

 

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On prêche volontiers et généreusement l’accueil dans nos Eglises.
Mais est-ce simple d’accueillir des nouveaux-venus ?

Oui à condition qu’ils soient comme nous, aiment et chantent les mêmes cantiques, adoptent nos rites, comprennent à demi-mot ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, se dit et ne se dit pas, évitent de parler trop fort, renoncent à prier de manière qui nous semble intempestive, acceptent notre relation très critique à la Bible  …. Et si ce n’est pas le cas ?

Transposons ces questions au Proche-Orient, dans les années 50 de notre ère, au moment où la première communauté de croyants juifs  s’enrichissait de nombreux non-juifs !   Ceux-ci, désirant devenir disciples du juif Jésus, devaient-ils  ou non observer la circoncision, la cacherout, le shabbat ? Devaient-ils devenir des chrétiens juifs aux côtés des juifs chrétiens ou non ?  Paul, Pierre, Jacques et les autres discutèrent longuement de ces questions. Ce fut le « premier concile » de Jérusalem.   

La règle qui prévalut fut qu’on ne devait » pas créer de difficultés à ceux, non juifs, qui se tournaient vers Dieu », mais qu’en retour on leur demandait de ne pas avoir de pratique qui puisse être choquante pour des juifs.

Cette mesure de sagesse, qui ne fut pas suivie de tous les effets escomptés, reste toujours d’actualité. Mais plutôt que la mettre en œuvre pour construire l’Eglise universelle et bigarrée, nous préférons bien souvent avoir des Eglises séparées, identitaires et uniformes, pour le grand dam de tous et la tristesse de Dieu.

 

Avec cette prière de Voltaire tirée de son Traité de la tolérance, nous prions et portons devant Dieu nos envoyés au Liban et tout le peuple libanais :

 

Ce n’est plus aux hommes que je m’adresse ;
C’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps :
S’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité,
Et imperceptibles au reste de l’univers,

D’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné,
A toi dont les décrets sont immuables comme éternels,
Daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ;
Que ces erreurs ne fassent point nos calamités.

Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ;
Fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ;
Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps,
Entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules,

Entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées,
Entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ;
Que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes
Ne soient pas des signaux de haine et de persécution ;

Que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer
Supporte ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ;
Que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer
Ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ;

Qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ;
Que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet,
Qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de boue de ce monde,
Et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal,
Jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse,

Et que les autres les voient sans envie :
Car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni envier, ni de quoi s’enorgueillir.
Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible !
Si les fléaux de la guerre sont inévitables,

Ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns les autres dans le sein de la paix,
Et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers,
Depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.

Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII

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